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Lettre aux écrivains contemporains

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Site du Collectif : www.sauv.net

 

Monsieur (Madame, Mademoiselle),

C’est à double titre que je vous écris. D’abord parce que je suis une fidèle lectrice de votre oeuvre. Ensuite parce que je fais partie d’un collectif de jeunes enseignants qui a à cœur de défendre les œuvres et l’enseignement littéraires aujourd’hui particulièrement menacés.

Oser dire que la littérature est menacée peut paraître paradoxal à l’heure où l’on se réjouit de voir le chiffre d’affaires des éditeurs augmenter sensiblement. On peut néanmoins s’interroger sur ces chiffres sans nuances qui peuvent traduire plus d’intérêt pour les ouvrages utilitaires que pour les publications afférentes à la culture et à la littérature. Il convient aussi de se demander quel avenir est réservé à la littérature, à l’écrivain et à l’artiste dans une société vouée au profit immédiat et à la consommation sans garde-fous. Les chiffres inquiétants du nombre croissant d’illettrés en France sonnent le glas de la littérature de demain ou à tout le moins d’une littérature accessible à tous.

Ce discours peut-être vous paraîtra catastrophiste , la menace chimérique, son imminence contestable.

Il est vrai que les enseignants ont aujourd’hui mauvaise presse et que leurs cris d’alarme trouvent peu d’échos, quand ils ne sont pas tout bonnement tournés en dérision. Et pourtant, nous ne nous jugeons ni dépassés ni conservateurs, pas plus que nous ne jugeons désuet de consacrer notre existence à faire découvrir les chefs-d’oeuvre d’hier et d’aujourd’hui dont vous êtes, vous, écrivains, héritiers et auteurs. En revanche, nous sommes bien placés pour évaluer le danger qui guette les œuvres passées, présentes et à venir. Car à quoi servira un écrivain sans lecteurs ?

La difficulté qu’éprouvent une majorité d’enfants et d’adolescents à tout simplement lire un texte simple laisse mal augurer de leur rapport à la chose écrite, leur difficulté à maîtriser les outils élémentaires d’analyse leur ferme les portes de la pensée et leur difficulté à se figurer ce qu’ils ont l’habitude de voir directement représenté à l’écran risque d’entraver à jamais leur imagination. Le silence de nombreux écrivains devant la gravité de l’enjeu nous semble imputable à leur ignorance de ce qui se passe et de ce qui se prépare. Savez-vous par exemple que l’on projette de supprimer l’étude de la littérature dans la formation des futurs enseignants de lettres dont la fonction sera ainsi réduite à celle d’animateurs ? Savez-vous que dans les manuels scolaires la littérature occupe une part de plus en plus restreinte au profit de la publicité, que les auteurs des réformes y côtoient sur un pied d’égalité les quelques grands auteurs qu’on y a laissés (pour parer aux reproches ?), que certains manuels discréditent la personne même des écrivains par des notices tendancieuses, la valeur de leur œuvre par des exercices dépréciatifs, que les documents y remplacent les textes littéraires, y compris ceux de nos contemporains, jugés désormais trop difficiles pour le "  nouveau public "? Qui fera connaître demain vos œuvres, et à qui ?

Pensez-vous que la majorité des écrivains de qualité sera plébiscitée par des médias de plus en plus soumis à la loi de l’offre et de la demande ? Et que demandera le lecteur de demain, s’il existe encore, sinon ce qui sera accessible à sa compréhension immédiate ? La littérature de demain sera-t-elle la littérature de supermarché ?

Pour toutes ces raisons, l’amour de la littérature et le respect des nouvelles générations dont nous avons la charge, nous avons créé depuis plus d’un an un Collectif, " Sauver les lettres ", destiné à informer le public des menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’enseignement des lettres et conduisent irrémédiablement la littérature à être réservée à une élite sociale et culturelle.

Pour cela, nous avons aujourd’hui besoin de votre appui, vous dont la responsabilité dans la défense de la littérature est au moins égale à la nôtre. Déjà de nombreux auteurs nous ont manifesté leur soutien et se sont regroupés pour lancer dans les journaux des cris d’alarme (voir la polémique qui a suivi l’article du 4 mars 2000 dans le Monde : " C’est la littérature qu’on assassine ") vite étouffés par le politiquement correct de ceux qui n’ont pas intérêt à voir s’ébruiter les effets de leurs réformes passées et à venir.

Votre engagement dans cette cause commune nous est nécessaire. Si vous pensez que les enfants de demain méritent mieux que des gadgets et des divertissements, si vous pensez que l’homme et le citoyen de demain ne peuvent être réduits à être de simples consommateurs, si vous pensez qu’il est dangereux de livrer le monde de demain aux seuls marchands et aux sectaires de tous bords, consultez notre site (www.sauv.net) qui vous expliquera notre action et vous informera grâce à de nombreux documents, témoignages et analyses sur le sort que l’on réserve à l’école au nom d’une fausse modernité ou écrivez-nous si vous acceptez de vous associer à cette lutte décisive et désintéressée. Il ne tient qu’à vous de faire connaître notre mouvement et son objet autour de vous et n’hésitez pas à faire savoir à ceux qui l’ignorent la réalité que recouvrent les belles paroles. Ray Bradbury, conscient des dégâts d’une certaine pédagogie dite " progressiste " pratiquée aux Etats-Unis avant de sévir en France, écrivait en 1993 qu’il y a plusieurs façons de brûler les livres et que la plus insidieuse est de faire en sorte que les gens ne soient plus capables de les lire .Quand la politique se met au service de l’argent, il est du devoir de tous mais peut-être plus encore des représentants de la pensée et d’une certaine idée de l’homme de résister à cette nouvelle forme d’oppression.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de toute ma considération .

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