Cette disparition n’est pas explicitement formulée, mais J. Lang ne mentionne jamais, dans la longue présentation de ses décisions, les options de latin et de grec.
Ainsi, les futurs textes publiés en août abrogeront les anciens et, ne prévoyant plus ces heures d'options, les supprimeront de facto.
Le ministère, qui s’est jusqu’ici refusé à répondre à tous ceux qui le pressaient de questions sur ce point, a prévu une première parade pour nier cette disparition, mais il n’a pas encore osé la présenter officiellement, tellement elle est grossière : " Le latin et le grec auront toute leur place dans les ‘itinéraires de découverte’ créés par la réforme ".
Pour apprécier la valeur de cet argument, il suffit de savoir en quoi consistent ces ‘itinéraires de découverte’ et de comparer:
1°) les horaires proposés aux élèves, avant et après la réforme.
a- Dans le collège actuel, les options de LATIN, 64 h-année (5° : 2h/sem) + 96 h (4° : 3h/sem) + 96 h (3° : 3h/sem) et/ou de GREC, 96 h (3° : 3h/sem), correspondent à un total possible de 256 h à 352 h sur trois années.
b- Dans le futur "collège républicain" (sic):
- En 5° et en 4° : RIEN, si ce n'est un zeste d'initiation que quelques professeurs voudront peut-être glisser dans deux pôles des "itinéraires de découvertes" intitulés "Découverte des Arts et des Humanités " et "Découverte des Langues et des Civilisations ".
- En 3° : 2 h / sem., soit 64 h-année de "Langues et cultures de l'antiquité".
Evaluation de la perte globale : au moins 75 % des heures de langues anciennes sur trois ans.
2°) Le statut de ces enseignements avant et après la réforme.
a- Actuellement, ce sont des options, c’est-à-dire des heures qui s'ajoutent aux disciplines obligatoires, pour les élèves qui le souhaitent.
b- Dans le futur "collège républicain" :
- les quatre heures des deux " itinéraires de découverte " choisis en 3° se substitueront à des heures auparavant consacrées à des enseignements fondamentaux : leur mission sera de " renforcer pour chaque discipline concernée l’horaire de base des enseignements communs " (J. Lang). L’élève pourra seulement choisir un angle d’approche et les "Langues et cultures de l'antiquité" se trouveront en concurrence avec cinq autres domaines, dont les langues vivantes étrangères et les sciences expérimentales : choisir "Langues et cultures de l'antiquité" demandera de renoncer à un approfondissement dans un domaine fondamental : il faudra choisir à la place au lieu de choisir en plus.
- l’approche de l’antiquité sera interdisciplinaire, par conséquent en partie assurée par des professeurs d’Histoire-Géographie, de Lettres Modernes ou autres, sans doute pleins de bonne volonté, mais l’apprentissage des langues latine ou grecque ne pourra que disparaître irrémédiablement.
Conclusion : très peu d'élèves suivront très peu d'heures de cours consacrées aux langues anciennes : perte finale d’au moins 95 %. On peut donc vraiment parler d’une éradication brutale et inavouée de l’enseignement du latin et du grec au collège.
Le plus inacceptable est certainement que les langues régionales, de leur côté (Projets de J. Lang, Le Monde du 27 avril 2001, p. 10), pourront être enseignées 3 heures par semaine à partir de la sixième, en tant que " Langues vivantes ", et existeront en outre sous la forme d’une option de deux heures (statut d'option apparemment refusé aux Langues Anciennes).
Le saviez-vous ? Qu’en pensez-vous ?
Que comptez-vous faire pour diffuser cette information ?
Toulouse le 29 mai 2001.
Chère collègue, cher collègue,
Je me rends aujourd'hui à l'évidence : ceux qui m'ont jugé trop optimiste lors de la dernière A. G. de la CNARELA avaient hélas raison, très certainement. C'est pourquoi je me dois de vous donner toutes les informations qui sont en ma possession, afin que vous les diffusiez le plus largement possible.
Certes, dans un premier temps, les services de la haute administration (Bureau des Collèges au ministère) m'ont livré (par téléphone le ven. 18 - 05) leur " interprétation administrative " des textes publiés par J. Lang, et confirmé mon analyse " optimiste " :
- lorsque des textes, dans un projet de réforme, ne mentionnent pas un domaine (ici les options de L. A. en 5°- 4°- 3°), cela signifie que celui-ci n'est pas concerné par la réforme, donc que lesdites options restent en l'état. C'est non seulement le bon sens, mais aussi l'honnêteté supposée du réformateur qui appellent une telle conclusion (est-ce le cas ?).
- aucun texte particulier concernant les L. A. n'était en préparation par leurs soins pour la rentrée, alors que de nombreux autres sont prévus pour les B. O. de la prochaine rentrée.
Mais quand, pour vérification, j'ai cherché à les joindre à nouveau le lundi 21 mai, je n'ai eu accès qu'au secrétariat, et le message que je leur ai laissé est resté à ce jour sans réponse. Ce message présentait la version pessimiste, une deuxième " lecture administrative " du projet Lang :
Des textes, qui paraîtront cet été, vont définir le " nouveau collège ", textes qui peuvent fort bien annuler tous les décrets et arrêtés antérieurs organisant le collège. Ces textes peuvent tout aussi bien ne jamais mentionner les options de L. A., en 5° - 4° - 3° (aucun décret en préparation). En ce cas, ces options disparaîtront de facto, purement et simplement (à la rentrée 2002), sans que cela n'ait jamais été annoncé, ni même formellement mentionné dans un texte officiel. Quel tour de prestidigitation !
Ce serait une manipulation grossière et extraordinaire (qui ferait disparaître des milliers d'heures, dans des centaines de collèges, considérant comme néant des milliers de collègues, d'élèves, de parents, au mépris aussi des syndicats et des associations représentatives, au mépris de la Représentation Nationale, au mépris des engagements personnels antérieurs du ministre) : cela serait intolérable, mais apparemment tout à fait possible… si nous ne réagissons pas…
Le cabinet du ministre, de son côté, refuse obstinément de lever l'ambiguïté, n'a pas voulu répondre sur ce point à Isabelle Lejault : la réponse serait donnée lors de l'audience accordée à la CNARELA le 11 juin… (ou plus tard si l'audience est repoussée ; date idéale pour eux : le 30 juin !!)
C'est pourquoi il faut sans doute REAGIR AVANT : ce n'est pas la discussion qui fera reculer le ministre, mais plutôt le fait que la disparition des L. A. ait été jugée inacceptable, aussi bien dans la forme que sur le fond, par de nombreux parents, professeurs, élèves ou simples citoyens. Encore faudrait-il qu'ils fussent informés !
Alors, si la réprobation est suffisamment forte, le ministère sera toujours à temps de reculer.
D'où le texte d'analyses objectives ci-joint, à diffuser.
Voici aussi les propositions d'actions que je vais faire au prochain C. A. de l'ARTELA :
- Compter nos forces et chercher des alliés dans d'autres disciplines menacées par la réforme.
- Informer le plus largement possible (collègues dans les lycées et les collèges, parents, députés, sénateurs, personnalités, médias…).
- Préparer une " plate-forme " de négociation avec le ministère : ce que nous exigeons (maintien + moyens : options " hors-DGH " ; campagne de promotion).
- Organiser fin juin une journée entière de réflexion dans tous les collèges pour analyser de près la réforme de Lang et ses conséquences (horaires et emplois du temps, multiplication du nombre de classes pour un même professeur). Elaborer des critiques, formuler des exigences, des demandes de correction.
- Organiser lors des journées de pré-rentrée des A.G. dans tous les collèges pour passer au peigne-fin les textes parus en août : le ministère a-t-il tenu compte des critiques faites en juin ? Réagir en conséquence…
Je vous tiendrai au courant de tout ce que j'apprendrai de nouveau. Je souhaite que vous fassiez de même avec moi (informations, idées, initiatives, conseils). Merci.
Jean-Pierre Aygon, Président de l'ARTELA (jpaygon@univ-tlse2.fr)
Le GELAHN (Groupe d’Enseignants de Langues Anciennes de
Haute-Normandie) réuni en assemblée générale ce jour, mercredi 30 mai
2001, tient à faire part de son extrême inquiétude devant les silences
de M. le Ministre de l’Education Nationale à propos du statut des
enseignements optionnels et particulièrement des langues anciennes, lors
de sa présentation des orientations pour une réforme du collège le jeudi
5 avril 2001.
Il réaffirme sa volonté de voir garantie l’existence d’un véritable
enseignement continu du latin, de la cinquième à la troisième, avec un
horaire maintenu dans l’état, option qui ne saurait se dissoudre dans
des « itinéraires de découverte » aux contours mal définis et ne
permettant pas un apprentissage systématique de la langue.
Il demande aussi le maintien et le développement de l’enseignement du
grec ancien à partir de la classe de troisième.
Il proclame ainsi son attachement à une culture européenne et
méditerranéenne commune incluant les langues et civilisations latines et
grecques. Très attaché à la dimension civique de cet enseignement, il
refuse qu’il soit réservé à quelques établissements de prestige – voire
aux universités.
F. Grégoire, Président du GELAHN.