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Polémique autour d'une dictée.
La Voix du Nord, 16 Juillet 2000 (réactions de lecteurs).
De qui se moque-t-on ? La dictée du brevet des collèges a fait bondir le professeur retraité que je suis.
A l'abri du renom de Victor Hugo, on a proposé aux candidats un texte ridiculement court et d'une facilité enfantine - du niveau d'un élève de CM1 ou CM2. Quant aux correcteurs, ils avaient des consignes d'indulgence extrême (De Vive Voix du 7 juillet). Le brevet - cette " peau d'âne " qui mérite bien son nom - était déjà un examen dévalorisé. II n'en sort point grandi. II y a quelques années, le zéro en orthographe était éliminatoire, chaque faute était sanctionnée de quatre points, puis on a abaissé, la barre à deux points. Les textes " consistants " - sans être truffés de pièges - nécessitaient de solides connaissances orthographiques.
Que vos lecteurs qui ont passé l'examen d'entrée en sixième en 1960 se souviennent du niveau des dictées proposées. Peu d'élèves de troisièmes seraient capables d'en surmonter les difficultés. Je tiens à votre disposition, et à celle de ceux qui choisissent les sujets du brevet, un recueil des épreuves de cet examen, qui était destiné à des enfants de dix-onze ans : vous en serez édifiés, et eux, également.
F.L., de Dunkerque
Longtemps correcteur de l'épreuve de français au BEPC, puis au brevet des collèges, j'ai pu constater à travers les consignes de correction imposées, la dépréciation de la dictée, notamment. Mais cette année, ce fut un joyau : On a franchi le Rubicon (ou le " rubis con " si vous voulez). A qui la faute ? Des professeurs - spécialistes en la matière - sont contactés par le rectorat pour pondre, pardon, pour proposer une épreuve. Une commission de spécialistes, toujours, est réunie sous la responsabilité du recteur, qui délègue ses pouvoirs à un inspecteur pédagogique régional, pour vérifier la faisabilité des exercices. L'éminente commission choisit cinq épreuves. Trois seront ensuite tirées au sort (une sera proposée aux candidats, les deux autres tenues en réserve en cas de problème, comme ce fut le cas cette année d'ailleurs, le corrigé étant paru sur minitel). Et personne ne se serait aperçu de la faiblesse ridicule de la dictée ? Personne n'aurait protesté ? Plus rien à voir avec les exigences de feu le BEPC (5 fautes entraînaient le zéro ! Eliminatoire pour le concours d'entrée à l'Ecole normale), ni même de l'entrée en sixième d'il y a cinquante ans. D'aucuns me diront que l'orthographe ne sert à rien. Eternelle querelle des anciens et des modernes. Certes, les fautes peuvent être source de comique : " Les poules s'étaient sauvées dès qu'on leur avait ouvert la porte " devenant " les poules s'étaient sauvées, des cons leur avaient ouvert la porte " ! Mais elles peuvent aussi ridiculiser leur auteur. Que penser de " Ha, laids, les bleus " (?). Surtout; cela jette le discrédit sur l'administration, l'Education nationale et les enseignants, qui doivent se demander s'il faut encore travailler l'orthographe ou faire des cocottes en papier avec leurs élèves. A moins qu'on ne cherche tout simplement à supprimer cet examen, le premier dans la scolarité de nos collégiens. Que va-t-on trouver dans les copies de bac dans trois ans ? Car, fait gravissime, on ment aux enfants et aux parents en leur laissant croire que le diplôme obtenu était mérité. A mes ex-collègues, je dis qu'il faut résister, refuser de participer à cette " mascarade " en rappelant aux instances de l'Education nationale les exigences de cet examen, qui marque la fin des études du premier cycle du second degré, ce qui n'est quand même pas rien. II y va de la pérennité de notre langue et de la crédibilité de notre système éducatif.
C. J., du Nord.
Article reçu dans la boîte aux lettres du site, merci à B.M.
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