Une langue qui ne se laisse pas cuisiner
Marianne, 6 au 12 novembre 2000
Il n'est pas aussi facile que ça de mettre la langue française à la
poubelle. Comme Marianne l'avait révélé*, le gouvernement avait prévu de
s'aligner sur le projet d'accord européen prévoyant de supprimer
l'obligation de traduire dans la langue de Voltaire les brevets européens
déposés en anglais et en allemand (soit plus de 90 % des brevets).
De nombreuses voix autorisées s'étaient élevées contre cet abandon, dont
celle de la Compagnie nationale des conseils en propriété industrielle.
Plusieurs dirigeants de petites et moyennes entreprises avaient protesté
contre une mesure qui les contraindraient à prendre en charge les coûts de
traduction.
Finalement, Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'Industrie, a fait
savoir qu'il allait poursuivre la concertation, formule alambiquée destinée
à masquer un recul salutaire. Le français est une langue qui ne se laisse ni
avaler ni cuisiner
J.D.
*Marianne n° 178, du 18 au 24 septembre 2000.
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