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Lettre aux parents

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LE FRANÇAIS AU LYCÉE :

DES CHANGEMENTS INQUIÉTANTS

 

En 2002 : un bac de français bâclé.

L'année dernière, les professeurs de français ont fait cours en Seconde sans savoir à quelles épreuves de baccalauréat leurs élèves seraient confrontés en Première. En effet, les textes officiels définissant les nouvelles épreuves de français n'ont été publiés que le 28 juin 2001, alors que les cours avaient pris fin. Ces élèves n'auront donc que quelques mois pour se préparer à un examen, alors que leurs aînés avaient deux ans.

Cette année en Première, leurs professeurs travailleront sans plus de précision, et de surcroît dans la précipitation : ils ne disposent toujours pas à la rentrée des " Annales zéro " du Ministère, et n’ont donc aucune idée de la forme que prendront les épreuves de français au baccalauréat.

Nous dénonçons le cynisme et la désinvolture du Ministère qui, conscient de l’hostilité de la grande majorité des professeurs à cette réforme, a voulu faire un coup de force, quitte à sacrifier la préparation des élèves qui passeront le baccalauréat de français en juin 2002.

 

Une réforme dangereuse.

Sur le fond, les nouveaux programmes et les nouvelles épreuves du baccalauréat ont été vivement critiqués par les enseignants, sans que leur voix ait été véritablement entendue par leur hiérarchie.

Les nouveaux programmes ont pour conséquence un appauvrissement considérable de la formation littéraire des élèves.

Le programmes d'œuvres obligatoires n'existe plus. Il est remplacé par un programme de notions techniques, issues de la recherche universitaire, adaptées de manière maladroite et prétentieuse au niveau du lycée. L'étude des textes en devient sèche et ennuyeuse. Il ne s’agit plus de comprendre les œuvres, mais d’essayer de les classer dans des catégories : ainsi les fables de La Fontaine ne seront plus que des exemples d’" apologue ".

En outre, ce programme ne permet plus aux élèves de se constituer un fonds de références culturelles communes, que permettait l'étude obligée d'œuvres classiques. Toutes les dérives sont autorisées : rien n'interdit au professeur, par exemple, dans le cadre de l'étude du genre biographique, de faire lire le récit de la vie de Zinedine Zidane.

 

Le nouveau bac de français : un bac au rabais.

Quant aux nouvelles épreuves de baccalauréat, elles constituent à double titre une régression : non contentes de ramener le baccalauréat au niveau du brevet des collèges, elles réintroduisent des épreuves du xixe siècle, où il est demandé d'écrire une lettre, un discours, un dialogue, en développant souvent une thèse imposée. On l’a vu apparaître, au mépris des textes encore en vigueur, dans un des sujets de la session 2001 : il s’agissait de rédiger le discours d’un " responsable de l’État à l’occasion du Premier de l’an 2001, expos[ant] les raisons que l’on peut avoir d’espérer en un monde meilleur. "

Ce " nouveau " type de sujet, baptisé sujet d'invention, demande peu de préparation et sera noté selon des critères imprécis et, partant, subjectifs. Il est destiné à détourner les élèves des deux autres types de sujet, le commentaire littéraire et la dissertation, eux-mêmes déjà dénaturés par les derniers textes officiels. Quant à l’épreuve orale, sa définition est d’une imprécision qui la rend d’ores et déjà hasardeuse et placera le candidat en situation d’insécurité.

En bref, l'application des nouveaux programmes aboutit aux conséquences inverses des ambitions affichées par les réformateurs. Le " plaisir " de l'élève, la formation de l’esprit critique, l'appropriation d'un héritage culturel sont des expressions qui figurent toujours dans les textes officiels, mais aucune des nouvelles épreuves ni des nouvelles pratiques imposées ne les rendent possibles.

 

Il faut réagir !

De très nombreux professeurs de lettres, contraints en leur qualité de fonctionnaires d'appliquer les programmes et les textes officiels, n'en demeurent pas moins lucides sur les évolutions que le Ministère imprime à l'Éducation nationale. Une telle perte de qualité se retrouve dans de nombreuses autres disciplines (histoire, mathématiques…). À l'école aujourd'hui, il ne s'agit plus de former des individus et des citoyens autonomes, mais de donner le bac à tout le monde, sans exigence de niveau. Ce système laisse une grande partie des jeunes bacheliers sans formation sérieuse et, de ce fait, incapables de poursuivre avec succès des études supérieures.

Nous savons que les parents d’élèves sont inquiets et qu'ils réclament comme nous, pour leurs enfants, une instruction aussi solide que celle des générations précédentes. C'est dans cette ambition que réside aujourd'hui la seule façon d’être moderne.

 

C'est pourquoi nous vous appelons à rencontrer les professeurs, à vous manifester auprès de vos fédérations, ou directement auprès du Ministère, et à soutenir les protestations que les professeurs pourront exprimer au cours de l'année scolaire.

 

Date :

Les professeurs du lycée XXX


09/2001