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Le Point, 23 mars 1996, n°1227.
Quand les statistiques sont trop mauvaises, eh bien, on s'adapte. Récemment, la France - officiellement pour cause de divergences méthodologiques - s'est retirée en cours de route d'une enquête de l'OCDE sur l'illettrisme, qui allait la classer en mauvaise place parmi les pays européens. Mais la plus belle illustration de ce mépris du réel a été fournie lors de la récente affaire du certificat d'études. Le mois dernier, en effet, les médias ont pavoisé un peu vite, en rendant compte d'une comparaison menée par la Direction de l'évaluation et de la prospective (DEP) du ministère de l'Education : les 6 000 élèves à qui on avait fait passer les épreuves du "certif " des années 20, expliquaient-ils, s'étaient montrés égaux ou supérieurs à leurs devanciers. Le seul problème, c'est que les résultats bruts prouvent le contraire. En réalité, les performances des élèves actuels n'arrivent pas à la cheville de celles de leurs arrière-grands-parents en blouse grise. En dictée, ils font deux fois et demie plus de fautes que leurs aînés. En calcul, 33 % seulement arrivent à résoudre les problèmes de débit de lait, contre 67 % jadis (un résultat que la DEP a réussi à camoufler en insistant sur les quatre opérations, à peu près maîtrisées, et non sur l'essentiel, c'est-à-dire la résolution du problème). En grammaire, les élèves actuels se sont montrés bien moins savants que leurs prédécesseurs. Il n'y a qu'en rédaction -épreuve qui laisse une grande part à la subjectivité des correcteurs - que les potaches modernes seraient à la hauteur. Ce "succès " en rédaction a été monté en épingle, pour mieux faire oublier le problème: une maîtrise défaillante des "fondamentaux".
Article scanné par M.D.
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