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EAF 2001 : réactions

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Reçu d'Alain le 13/06/01 , réaction de dernière minute après le dernier bac français :
http://perso.club-internet.fr/taal/page06bac.html#eaf2001
Je suis en première littéraire (c'est-à-dire que je passe en terminale en septembre), et j'ai découvert votre site grâce à l'article paru dans "Télérama". Merci, mademoiselle Fanny Capel (je ne suis pas sûre de l'orthographe), pour votre défense de la dissertation. Mes camarades de classe et moi avons passé mardi l'épreuve écrite du bac de français. Dans ma classe de dix-sept élèves, je suis la seule à avoir choisi la dissertation (eux ont pris le commentaire littéraire.).Réaction la plus courante, lorsque j'annonçais mon choix: "t'es dingue, c'était vachement trop dur, comment t'as pu prendre le risque de te planter à ce point alors que le sujet d'argumentation était si simple" (texto!). Le sujet d'argumentation n'était pas simple, il était, à mon avis, totalement dépourvu d'intérêt. Mais moi, j'aime passsionnément les lettres, les livres, et par-dessus, la beauté des mots. Cela, tant de gens ne le comprennent pas! Je ne suis pas parmi les élèves les plus brillants, mais je suis dans la première moitié de ma classe. Quand, l'an dernier, j'ai annoncé à tous ceux qui me le demandaient que je voulais entrer en Littérature, j'ai eu droit à je ne sais combien de commentaires désobligeants du style "pourquoi tu rentres en L, il n'y a pas de débouchés, etc."

Merci aussi à tous ceux qui m'ont dit cela (fort heureusement pour moi, mes parents se sont abstenus). Grâce à eux, j'ai compris à quel point cette merveilleuse série qu'est la classe de littérature est dévaluée. Aujourd'hui, les mathématiques supplantent tout! Pourquoi serais-je considérée comme moins intelligente qu'un élève de S, alors que nous avons strictement la même moyenne? D'accord, je joue leur jeu des chiffres ainsi. Mais je ne connais pas d'autre moyen de discuter avec certains de la valeur d'une série. Vous seriez effaré(e) de voir le niveau d'inculture de certains élèves en scientifique (à titre d'exemple, c'est un professeur de latin qui a appris à bon nombre de ces "supers-scientifiques" qui était Pavlov!). Et ce sont eux, imbus de leurs prérogatives de matheux, qui nous jettent la pierre, en nous disant que nous sommes des "parasites" (véridique), car nous aimons passer du temps à réfléchir, à discuter, à nous cultiver, ce qui leur apparaît une totale perte de temps.

Cela dit, je ne jette pas la pierre à tous les scientifiques, bon nombre d'entre eux sont parfaitement respectueux du choix des autres. Non, je proteste contre le choix de la série littéraire quand certains élèves voudraient rentrer en S, Es ou autre, et qu'on les met en L pour cause de résultats un peu justes. Mais la littérature ce n'est pas facile. Pas plus que les sciences, loin de là! Surtout quand, aux yeux de l'élève qui y est, c'est la "série-poubelle", qui n'est là que pour rattraper les moins bons élèves!

"Au commencement était le Verbe". Au risque de paraître outrepasser la laïcité de l'école républicaine, je rappelle cela. "Au commencement était le Verbe". Pas la statistique. Pas les mathématiques.

Merci pour ce site, qui me donne l'occasion de m'exprimer. Merci pour la défense de la dissertation.

Merci pour tout, mademoiselle Capel. Et les autres.

Claire.


Je suis élève en première scientifique et j'ai passé il y a de cela quelques jours l'écrit du bac de français dont le sujet m'a effaré. Je suis tombé d'accord sur plusieurs points de vos revendications. Mais, je crois que vous ne vous rendez pas compte, de par votre statut de prof, que vos collègues sont de plus en plus complices de ce système pseudo-égalitaire. Les réformes, qui leur offrent la possibilité de ne plus jamais se casser la tête pour être efficaces mais d'être de simple automates débitant les nouvelles théories, ont tendance à en satisfaire une grande partie. J'ai l'impression que l'éducation nationale a commencé sa révolution il y a bien plus longtemps que l'on ne pourrait l'imaginer. En effet, je suis contraint de constater que nombreux sont les monstres à avoir été formés. J'appelle monstres ces profs qui sont uniquement capables de débiter leur cours en utilisant la théorisation censée rendre plus simple, plus automatique la connaissance (principe surtout nuisible aux matières littéraires, qui ne sauraient faire l'objet d'une automatisation intempestive et imbécile). Et j'ai la tristesse de constater que ceux-ci sont de plus en plus nombreux. Ils n'appartiennent presque jamais aux plus anciens. Cela signifie que depuis un certain temps, l'éducation nationale se soucie de créer des profs en accord avec sa doctrine et qu'elle y réussit plutôt bien. Ne pensez-vous pas que,en obéissant aveuglément à cette nouvelle catégorie de professeurs, les élèves auront de plus en plus tendance à devenir de simples zombies?

Un élève qui a l'impression de perdre son temps

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