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Menaces sur le C.A.P.E.S. et l'Agrégation.


Projets de réforme des C.A.P.E.S.
Le projet de réforme du C.A.P.E.S., contre lequel nous nous étions battus au printemps dernier, n'est nullement abandonné par le ministre, mais reformulé sous la signature de MM. Brihaud et Cornu (M. Alluin n'étant plus en charge du dossier). Certains d'entre nous ayant eu copie du rapport d'étape paru le 18 juillet 2000, nous avons pu comparer ce projet au précédent qui avait déclenché la levée de bouclier que l'on sait. Il ressort de cette comparaison que peu de choses ont été modifiées et que les inquiétudes du printemps dernier sont toujours d'actualité...
Ce qui me conduit à vous informer de l'action de la Coordination des départements de lettres et sciences humaines à ce sujet. Le texte qui suit, rédigé par P. Cordoba comportant une analyse précise du rapport Brihault-Cornu, je lui cède donc la parole..

Nouvelles de la Coordination des départements de lettres et sciences humaines.
D'abord deux informations importantes :
- Bernard Cornu a pris contact avec nous : il nous propose une entrevue que nous avons, bien sûr, acceptée.
- Nous avons remis un texte au bureau du cabinet, à Bernard Alluin et aux présidents de jury de Capes réunis au ministère le lundi 23 octobre. Le voici :
"A M. Bernard Alluin,
A Mmes et MM. les présidents de jury du Capes externe,
Inquiets devant les projets de réforme des Capes contenus dans le "rapport d'étape" signé par MM. Brihault et Cornu le 19 juillet dernier, nous avons l'honneur de vous soumettre les observations suivantes dont nous espérons qu'elle seront utiles à votre réflexion :
- 1. Nous récusons le principe selon lequel les connaissances scientifiques ne feraient pas partie intégrante de notre PROFESSION. Nous récusons aussi le postulat, encore plus étrange, selon lequel il suffirait de rabaisser le niveau des exigences scientifiques pour obtenir une meilleure formation pratique des enseignants. Aucun lien de cause à effet ne pouvant exister entre ces deux aspects, nous défendrons le niveau actuel des épreuves théoriques du concours : les modifications éventuelles de certaines épreuves ne doivent en aucun cas porter atteinte à leur caractère scientifique...
- 2. Soucieux des conditions de plus en plus difficiles d'exercice du métier de professeur du secondaire - en grande partie dues aux multiples réformes ayant affecté le primaire et le secondaire -, nous souhaitons vivement que la formation pratique assurée en deuxième année d'IUFM soit améliorée sous la responsabilité de tuteurs expérimentés et qu'on cesse d'infliger aux certifiés stagiaires des discours souvent sans le moindre intérêt, ni théorique ni pratique. Dans un cadre ainsi renouvelé, nous sommes favorables à l'idée d'une "troisième année" de formation...
- 3. Nous nous opposerons avec la plus grande énergie à toute tentative pour couper en deux le Capes en dénaturant la fonction de l'écrit - que ce soit par une modification du calendrier, de la nature des épreuves orales ou des coefficients respectifs de l'écrit et de l'oral. Nous n'accepterons jamais que l'écrit du Capes, même s'il maintient les contenus actuels, serve à trier les candidats ayant le droit de passer un deuxième concours, qui n'aurait plus aucun contenu disciplinaire selon le modèle des nouveaux Capes internes. L'actuelle épreuve préprofessionnelle remplit en général bien son rôle. On ne peut rien exiger de plus de candidats n'ayant aucune pratique de l'enseignement. Il ne s'agit pas de la faire glisser à la place de l'actuelle épreuve disciplinaire en la transformant en épreuve de didactique pour libérer ainsi un espace pour une nouvelle épreuve de pédagogie pure. Même prolongé d'une ou deux semaines, le "stage de sensibilisation" ne saurait en aucun cas servir de base à une réflexion personnelle sur les pratiques d'enseignement. On se trouverait face à des candidats récitant tous la même vulgate et il serait impossible de les départager...
- 4. Le projet "Brihault-Cornu" bute entre autres sur cette question des stages, qui n'ont aucune place dans l'année de préparation aux épreuves théoriques. Le stage de."sensibilisation" actuel ne sert pas à grand chose et perturbe plutôt le travail des candidats. Vouloir le renforcer et en changer la nature se heurterait à des obstacles insurmontables. Nous rappelons qu'il est matériellement impossible d'offrir à tous les candidats au Capes la possibilité d'effectuer un stage : il suffit de comparer le nombre de candidats et celui des établissements d'enseignement secondaire dans notre pays. Ce serait bien pire s'il fallait le proposer dès la licence, où le nombre des candidats potentiels est encore plus grand. Une telle exigence reviendrait donc à éliminer les candidats libres (qui représentent aujourd'hui plus de la moitié des candidats), ce qui serait contraire aux règles de la fonction publique. Nous vous invitons à ce propos à prendre connaissance du texte "Les IUFM.... et le Capes - L'insoluble problème des candidats libres et le 'nouveau dispositif de formation des enseignants" sur le site de la Société mathématique de France (http://smf-ihp.emath.fr/)...
- 5. Un oral "professionnalisé" empêcherait par ailleurs les agrégatifs d'avoir une deuxième chance" au Capes, avec pour conséquence une baisse notable du niveau moyen des certifiés. Ce découplage des deux concours empêcherait en outre la plupart des départements d'assurer une préparation à l'agrégation et les confinerait dans le statut de "classes préparatoires" à l'IUFM, les cursus s'arrêtant dès lors à la licence : car dans l'organisation actuelle des enseignements universitaires, on ne peut envisager de maintenir des maîtrises sans agrégation ni des DEA sans les précédents diplôme et grade...
- 6. Nous demandons l'abrogation de l'arrêté de mai 1999 qui a été appliqué l'an dernier au Capes d'anglais et doit s'appliquer cette année pour l'ensemble des langues vivantes. Cet arrêté a été "abrogé oralement" pour les langues autres que l'anglais. Une telle procédure n'a évidemment aucune valeur juridique et met les résultats du Capes 2001 à la merci des nombreux recours qui ne manqueront pas de se produire. On ne voit pas par ailleurs pourquoi le Capes d'anglais devrait respecter un schéma "professionnel" qui n'a rien à voir avec celui de tous les autres concours. Il serait temps de revenir sur les initiatives brouillonnes de l'antérieur ministre et d'en abolir les effets...
- 7. Nous demandons aussi l'abrogation du scandaleux arrêté modifiant les Capes internes, et les vidant de tout contenu scientifique alors que ce sont précisément les connaissances disciplinaires qui font le plus souvent défaut aux candidats à ce concours. Nous vous rappelons que les membres du jury du Capes interne de Lettres modernes ayant pris position contre cette modification de l'architecture et du contenu de leur concours ont été tout simplement éliminés du jury. Nous vous demandons d'affirmer votre solidarité avec ces collègues, victimes d'une insupportable sanction qui s'inscrit dans la logique d'une mise au pas des jurys...
- 8. Ce texte servira de base à une Pétition nationale sur les concours de recrutement.

Le comité provisoire d'organisation :
Pierre-Luc ABRAMSON, Professeur des universités, Espagnol, Université de Perpignan - Jean-Christophe ABRAMOVICI, Maître de Conférences, Lettres modernes, Université de Paris X-Nanterre - Dominique BOUTET, Professeur des universités, Littérature médiévale , Université de Paris X-Nanterre, Président de la "Société de langues et littératures médiévales d'oc et d'oïl" (SLLMOO) - Christine de BUZON, Maître de conférences, Littérature française du XVIème siècle, Université de Limoges, membre du CNU - Anne-Marie COCULA, Professeur des Universités, Histoire moderne, Ancien Président de l'Université Michel de Montaigne, Bordeaux III.- Charles COUTEL, Professeur des Universités, Philosophie du Droit, Université d'Artois, Président de l'Association des Professeurs de Philosophie de l'Enseignement public - Pedro CORDOBA, Maître de Conférences, Espagnol, Co-directeur du Département de Langues romanes de l'Université de Reims, membre du jury de l'agrégation extrene d'espagnol - Jean-Claude DUPAS, Professeur des Universités, Littérature anglaise, Université de Lille III, ancien vice-président.(démissionnaire) du jury du Capes externe d'anglais - Jean-Michel GANTEAU, Maître de conférences, Anglais, Université de Montpellier III, ancien membre (démissionnaire) du jury du Capes externe d'anglais - Carole TALON-HUGON, Maître de conférences, Philosophie, Université de Nice.


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Nous demandons à chacun d'entre vous de donner à ce bulletin une diffusion maximale. Faites le suivre par Internet à tous vos collègues dont vous avez l'adresse électronique. Mettez-le en forme en faisant un "copié-collé" sur traitement de texte et envoyez-en une copie par courrier postal à tous vos collègues susceptibles d'être intéressés et ne possédant pas d'adresse électronique. Transmettez-le aussi à vos Associations de spécialistes et, éventuellement, à vos syndicats. Nous n'avons aucun moyen financier et ne pouvons donc envoyer des centaines de lettres dans les départements. Si chacun prend au niveau local une partie de la charge, notre efficacité sera multipliée avec des frais minimes pour chacun. Affichez-enfin nos informations dans vos départements. Ne vous limitez pas au corps enseignant. Les étudiants doivent être informés. Ils seront notre soutien le plus efficace en cas de conflit. N'oubliez pas que l'UNEF et l'UNEF-ID se sont laissés manipuler et lancent en ce moment une offensive sur le thème de la "révolution pédagogique" à l'université sur le modèle de la "rénovation" du secondaire.

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Pour tous ceux qui s'intéressent justement à ces problèmes de pédagogie et ne veulent pas se contenter d'une défense des contenus disciplinaires de l'enseignement, nous tenons à votre disposition un grand nombre d'études en provenance des Etats-Unis (au format HTML). Tout ce qui se fait et se dit dans les IUFM, tout ce qu'on nous propose sous le mot de "professionnalisation", toutes les réformes du secondaire mises en place par Claude Allègre - et aussi dans une large mesure par les antérieurs ministres - tout cela, la "professionnalisation du métier", le "psycho-social", "l'élève au centre", la "violence", les "nouveaux public", les "parcours diversifiés", les "travaux croisés", les "travaux personnels encadrés", les "nouvelles technologies", "l'apprendre à apprendre", etc... a déjà été expérimenté aux Etats-Unis, parfois depuis des décennies, avec des résultats désastreux. On veut ici nous enfermer dans une nouvelle Querelle des Anciens et des Modernes : mais c'est le discours des IUFM, pas le nôtre, qui est parfaitement "rétro". Et des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent aux Etats-Unis contre les ravages des "sciences de l'éducation".
Tenez-nous au courant de toute ce qui se passe dans vos Facs. A titre d'exemple, deux motions ont été votées vendredi dernier au CA de l'université de Montpellier III. (je la tiens à la disposition de tous ceux qui voudront la lire).
Bien cordialement.

C. Talon-Hugon (département de philosophie)

Télécharger ce texte : capes3.rtf
Novembre 2000.

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