Marie-Caroline Missir (Express.fr) : « cette réforme n’a pas été comprise ».
Les journalistes nous étonneront toujours.
Une récente illustration du phénomène nous est fournie par Mme Marie-Caroline Missir (rédactrice à L’Express.fr), invitée dans l’émission Le secret des sources sur France Culture (5 /9/2015) pour parler de la rentrée scolaire.
Il s’agissait d’abord de répondre à un professeur de philosophie, F.X. Bellamy, qui dénonçait l’appauvrissement de la transmission des savoirs qu’engendrerait la réforme des collèges : « On entend bien, a dit Mme Missir, que cette réforme n’a pas été comprise. » C’est facile d’être journaliste comme cela : toute critique est balayée, car l’idée est qu’on ne peut même pas ne pas être d’accord. La réforme est sans alternative, comme le disait si bien Margaret Thatcher. Imaginer même qu’on puisse faire autrement est la preuve au mieux d’esprits faibles, au pire d’esprits malveillants.
C’est pourquoi les journalistes chargé des questions d’éducation qui , comme Mme Missir, sont convaincus de leur grande sagesse, se délectent tellement à ressasser que Najate Vallaud Belkacem a « taclé » les « pseudo-z-intellectuels ». Et de rire ! Car les vrais intellectuels se reconnaissent entre eux à leur approbation des puissants, les autres sont ceux que Mme Missir appelle les « non-experts » qui arrivent, dit-elle, « avec une pensée sociale en fonction du milieu dont ils viennent, issue de leurs souvenirs, du journal qu’ils représentent », auxquels elle oppose les « spécialistes » de l’éducation, ceux qui ont « des arguments pédagogiques ». Selon elle, les premiers auraient confisqué le débat aux seconds…
Et dire qu’on croyait que le débat public était dominé par les réseaux pédagogistes et les sciences de l’éducation !
Mais on découvre un autre abîme quand Mme Missir nous donne une leçon de communication politique ; rapportant le bon mot d’un « haut fonctionnaire » qu’elle connaît, elle trahit sa conception du débat démocratique : « On ne fait pas une réforme en ouvrant le capot d’une voiture. Quand on vend une voiture on n’ouvre pas le capot ; là on a montré les programmes, la pédagogie avec du jargon, on a fait des schémas pour expliquer l’interdisciplinarité et personne n’a rien compris, le message a été confus. » Alors qu’il est si simple d’embobiner le citoyen, en ne lui expliquant rien et de lui vendre une épave, en lui interdisant de vérifier le moteur !
Mireille Ketzinger