Au tableau
Mercredi 5 octobre 2016
Les élèves aiment beaucoup venir écrire au tableau.
Il ne faut pas créer d’injustice. Alors je coche scrupuleusement, sur une liste de la classe, tous les élèves qui passent chaque jour, et personne ne viendra une deuxième fois avant que chacun soit passé une fois.
Ils surveillent… Et il faut voir leur mine scandalisée quand je fais l’erreur de faire repasser l’un d’entre eux qui est pourtant passé hier et que j’aurais oublié de cocher.
Cette année, pour cette première période, les élèves passent tous les jours pour l’orthographe d’accord. Ce –s à la fin des noms au pluriel, et ce –ent à la fin des verbes, il est tellement difficile à obtenir, en dictée ou en rédaction, qu’il vaut mieux le pratiquer tous les jours.
Et quand le travail se fait en collectif, avec passage de quelques élèves au tableau, c’est beaucoup plus efficace, surtout si on ajoute comme règle : « A la première erreur, on va se rasseoir ».
Chaque passage crée un suspens… Tous ont les yeux rivés sur les lettres de l’élève qui est en train d’écrire au tableau.
Nous écrivons trois phrases par jour, souvent celles que proposent les élèves, suivant la consigne : « Un sujet au pluriel ».
Je trace des lignes au tableau pour qu’ils puissent écrire droit. Un élève arrive pour la première et commence le premier mot – je coche. S’il oublie la majuscule, ou une lettre, ou encore le –s au pluriel, hop, il efface, il retourne à sa place et tous les doigts se lèvent dans l’espoir de prendre la suite. Suivant – je coche.
Celui qui se rassoit après une faute est un peu vexé, mais la fois suivante, il fera beaucoup plus attention.
Les phrases justes sont copiées sur le cahier, données en dictée sur ardoise, le lendemain, puis redonnée en dictée sur feuille à la fin de la semaine.
À ce rythme, avec des élèves motivés comme ils sont cette année, je commence à avoir des beaux accords dans les dictées.
Je ferai la même chose, dès la semaine prochaine pour la technique opératoire.
Ils passeront tous les jours pour deux opérations au tableau. Même règle : je coche tous ceux qui passent, et on retourne à sa place dès qu’on fait une erreur, à moins que je fasse de temps en temps une exception pour laisser un élève fragile aller au bout, avec mon aide et celle de la classe.
À ce rythme, ils peuvent être une petite dizaine à passer tous les jours, les tours reviennent vite, et les progrès sont visibles.
Ils en deviennent même vigilants sur mes propres erreurs… Ils guettent. Certains sont des spécialistes et font mouche à tous les coups, quand d’autres, moins rôdés, voient des erreurs là où ils n’ont pas bien compris.
Alors quand j’entends : « Maîtresse, tu t’es trompée… », comme toutes les occasions sont bonnes, je leur fais une petite leçon de politesse : « On ne dit pas ‘Maîtresse tu t’es trompée’, mais : ‘Maîtresse, sans vouloir te vexer, je crois que tu as fait une petite erreur, mais ce n’est pas grave, c’est bien quand même, et puis c’est normal, tu dois être fatiguée…’ »
Parce qu’avec ma collègue voisine de classe, on a aussi comme objectif, tous les ans, d’inculquer à nos élèves une dose de second degré…