COMMENT LES ORGANISMES ECONOMIQUES ENVISAGENT L'AVENIR DE L'ECOLE
Ces "morceaux choisis" proviennent du petit ouvrage Tableau noir ; résister à la privatisation de l'enseignement,
écrit par Gérard de Sélys et Nico Hirtt ; éditions EPO, 1998. Montage réalisé par Laurent.
Janvier 1989, ERT (Table Ronde Européenne) , rapport intitulé "Education et Compétence en Europe" :
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" Le développement technique et industriel des entreprises exige clairement une rénovation accélérée des systèmes d'enseignement et de leurs programmes" ; "l'éducation et la formation sont considérées comme des investissements stratégiques vitaux pour la réussite future de l'entreprise."
- Or "l'entreprise n'a qu'une très faible influence sur les programmes enseignés" et les enseignants ont "une compréhension insuffisante de l'environnement économique, des affaires ,et de la notion de profit." ; ils "ne comprennent pas les besoins de l'industrie."
- "Industrie et établissements d'enseignement doivent travailler ensemble au développement de programmes d'enseignement sur mesure spécialement faits pour les adultes qui poursuivent leurs études sans quitter leur emploi."
7 mars 1990, document de travail de la Commission Européenne sur " L'Education et la formation à distance " ; Sec(90) 479 :
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" L'enseignement à distance (…) est particulièrement utile pour assurer un enseignement et une formation rentables (…). Un enseignement de haute qualité peut être conçu et produit en un lieu central et ensuite diffusé au niveau local, ce qui permet de faire des économies d'échelle. Le monde des affaires devient de plus en plus actif en ce domaine, soit en tant qu'utilisateur et bénéficiaire de l'enseignement multimédia et à distance, soit en tant que concepteur et négociant en matériel de formation de ce type. Le marché, et par là le potentiel pour l'enseignement à distance s'est considérablement élargi pendant les années 80. "
Rapport sur l'enseignement supérieur ouvert et à distance dans la Communauté européenne, Sec (91) 388 final, 24 mai 1991 :
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" La révolution informatique déclasse une grande partie de l'enseignement " et " les connaissances utiles ont une demi-vie de dix ans, le capital intellectuel se (dépréciant) de 7 % par an tout en s'accompagnant d'une réduction correspondante de l'efficacité de la main-d'œuvre. "
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" Les entreprises qui autorisent leurs employés à prendre des congés d'étude sont confrontées au problème de la perte de production directe qui en découle. Avec l'enseignement à distance (elles) peuvent investir dans le développement de leur capital humain en maîtrisant leurs coûts. "
(NB : maîtriser les coûts revient donc à " permettre " à ses employés de s'auto-former chez eux, à leurs frais et durant leurs heures de " loisir ", tout en évitant les déplacements et les pertes de production découlant des congés de formation ).
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" Une université ouverte est une entreprise industrielle et l'enseignement à distance est une industrie nouvelle. Cette entreprise doit vendre ses produits sur le marché de l'enseignement continu que régissent les lois de l'offre et de la demande. "
Mémorandum sur l'apprentissage ouvert et à distance dans la Communauté européenne, Com(91) 388 final, 12 novembre 1991 :
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" La réalisation de ces objectifs exige des structures d'éducation qui devraient être conçues en fonction des besoins des clients. "
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" L'apprentissage ouvert et à distance ne dépend pas des frontières nationales, ce qui peut contribuer à l'élargissement du marché potentiel et donc favoriser les économies d'échelle. "
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" Une concurrence s'instaurera entre les prestataires de l'apprentissage à distance, ce qui peut déboucher sur une amélioration de la qualité des produits. "
(NB : c'est connu : la concurrence permet avant tout d'améliorer le produit, et non de baisser les coûts … C'est toujours plus un problème de qualité que de quantité. Demandez-donc aux agriculteurs et aux chocolatiers ce qu'ils en pensent …)
Une éducation européenne - Vers une société qui apprend. Un rapport de la Table Ronde des Industriels Européens, ERT, février 1995 (NB : à l'occasion d'une réunion extraordinaire du G7 à Bruxelles, consacrée à la " Société de l'information ") :
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" La clé de la compétitivité de l'Europe réside dans la capacité de sa force de travail à relever sans cesse ses niveaux de connaissance et de compétence. Dès lors, la responsabilité de la formation doit en définitive être assumée par l'industrie. Le monde de l'éducation semble ne pas bien percevoir le profil des collaborateurs nécessaires à l'industrie. L'éducation doit être considérée comme un service rendu au monde économique. " (NB : et en aucune manière à des " êtres humains " qu'on appelait, dans des temps rétrogrades, des " élèves ", sans s'apercevoir qu'ils pouvaient avant tout être des " clients " et les professeurs des " prestataires de service " ?…)
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" L'éducation vise à apprendre, non à recevoir un enseignement. "
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" L'enseignement à distance élimine les inconvénients de l'absence au travail et des déplacements. "
(NB : ERT et Conseil Européen, même discours …)
Adult Learning and Technology in OECD Countries, OECD Proceedings, OECD 1996, ISBN 92-64-15320-9. ( OCDE = Organisme du Commerce et du Développement Economique) :
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" L'apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d'enseignants " ; elle doit être assurée par des " prestataires de services éducatifs. La technologie crée, ce qui est une première, un marché (commercial) mondial dans le secteur de la formation. La possibilité nouvelle de proposer des programmes d'enseignement dans d'autres pays sans que les étudiants ou les enseignants ne partent de chez eux pourrait fort bien avoir d'importantes répercussions sur la structure du système d'enseignement et de formation à l'échelle mondiale. Dans certains pays, il semble que les enseignants encourent réellement le risque d'être les laissés-pour-compte dans le développement du marché des technologies de l'information. "
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Mais heureusement, tout est prévu, car les pouvoirs publics auront encore la chance d'avoir à " assurer l'accès à l'apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l'exclusion de la société en général s'accentuera à mesure que d'autres vont continuer de progresser. "
(NB : Bref, moderniser, c'est transformer rapidement les écoles en dispensaires …)
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Tandis que pour les autres, ceux qui constituent un " marché rentable ", voici un exemple des avantages du télé-enseignement (même rapport) :
" Robert Bosch GmbH emploie 95000 employés sur 50 sites en Allemagne et 150000 employés sur 170 sites dans le monde. En 1994 les dépenses de Bosch pour la formation de son seul personnel allemand ont été de 265 millions de DM ( = 880 millions de francs). Bosch a estimé que ces coûts étaient trop élevés et qu'il fallait que le personnel se forme à domicile, sur des PC personnels ( " comme il utilise son véhicule personnel pour se rendre à son travail. ")
Internationalisation of Higher Education, OECD Documents, OECD 1996, ISBN 92-64-15288-1 :
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Ce rapport préconise " un engagement plus important de la part des étudiants dans le financement d'une grande partie des coûts de leur éducation. "
(NB : Trouver du travail et être formé, dans le monde moderne des " nouvelles économies " se mérite … et devient de plus en plus cher !)
Les technologies de l'information et l'avenir de l'enseignement post-secondaire, Documents OCDE, Paris 1996, ISBN 92-64-25309-2 :
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" Aux Etats-Unis, le Projet Annenberg/CPB collabore avec des producteurs en Europe, au Japon et en Australie, pour créer plusieurs types de nouveaux cours devant être utilisés dans l'enseignment à distance. Les étudiants deviennent des clients et les établissements (écoles et universités) des concurrents luttant pour obtenir une part du marché. Les établissements financés par l'Etat sont obligés d'entrer en concurrence les uns avec les autres et également avec les prestataires privés. Les établissements sont incités à se comporter en entreprise et à considérer qu'ils ont pour mission de réagir à l'évolution de la demande des programmes d'étude. Les étudiants doivent payer tout ou partie du prix de leurs cours, ce qui vise à imposer la discipline du marché aux producteurs de cours. Les possibilités de " pénétration du marché ", en particulier dans les pays très peuplés et dans ceux qui ont des langues communes, semblent considérables. "
Gérer les stratégies de l'information dans l'enseignement supérieur, Document OCDE, Paris 1996, ISBN 92-64-25309-2 :
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" il est plus important d'apprendre à apprendre que de maîtriser des prétendus " faits ". Il faut encourager la possession d'ordinateur. Les étudiants doivent apprendre à utiliser les services de réseau de la même manière qu'ils utilisent le téléphone. "
(NB : dommage qu'il ne soit pas précisé qu'un ordinateur devient encore plus rapidement obsolète que les " savoirs utiles " du futur employé, et que l'acquisition ou le renouvellement d'un ordinateur pour s'adapter aux toujours nouvelles technologies demande un investissement financier non négligeable …)
Les Echos, du mardi 3 février 1998, p.3 : Claude Allègre : " Nous allons vendre notre savoir-faire à l'étranger, et nous nous sommes fixé un objectif de 2 milliards de francs de chiffres d'affaires en trois ans. Je suis convaincu qu'il s'agit là du grand marché du XXIème siècle. " (N.B. Le professeur entreprenant a l'esprit d'entreprise…)
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