Contributions / pédagogie
Reçu de Corinne le 14/07/00 :
Ci-joint le rapport de la visite que fit à mon stagiaire son formateur
IUFM. Si vous voulez rire, j'ai aussi une lettre que le même avait envoyée à
une autre de mes stagiaires.
Pour vous mettre l'eau à la bouche: "Votre thème
heuristique se révèle passionnant. Il vous convie à réfléchir aux modalités
d'enchâssement de la sphère littéraire pure (caractérisée par l'hégémonie de
la donnée esthétique, poétique, stylistique) et du domaine - polymorphe,
ondoyant, réversible, multi-disciplinaire - du culturel traversé, informé,
balisé de référents psycho-sociologiques."
Ou: "une étude
structurelle( l'insertion du dispositif épistolaire) et thématique
(l'angélisme, le swedenborgisme, le catholicisme "martiniste") du Lys dans
la vallée (BALZAC) pourra légitimement impliquer (induire) une étude
scrupuleuse d'extraits ("référentialisants", exemplificateurs) d'ouvrages d'E. Badinter, de T. Anatrella, de J. Kristeva sur l'image de la féminité
(évolutive, culturellement datée, obsolète, réactivée) sur la question de la
mutation androgynale inhérente à l'homme féminin (le nouveau père débarrassé
des schèmes virilo-machistes inhibant tendresse, affectivité...) ou/et à la
femme masculine (la femme confrontée à son angoissante épiphanie en tant
qu'être autonome, responsable, désaliéné et ...surmené), sur l'hypertrophie
narcissico-élégiaco-lyrique, sur la bi-valence psycho-affective de l'homme
double etc."
[Les commentaires sont de Christophe.]
Le 27 novembre 1999, le formateur en IUFM M. Diafoirus rendit visite à M. X,
professeur Stagiaire de Lettres Modernes. Voici le rapport qui s'ensuivit.
BILAN DE VISITE SUCCINCT
M. X annonce explicitement (et éloquemment) l'objectif de la séance, au
plan méthodologique et culturel. La séquence est dévolue à l'étude du tissu
argumentatif de textes d'idées fédérées par le topos suivant : "l'image,
miroir de notre monde" (titre stimulant, au demeurant).
Le professeur se propose inauguralement un balayage synoptique des référents
culturels ésotériques du
texte et de certains points lexicaux ou grammaticaux supposés nébuleux. Une
telle démarche, pour intéressante qu'elle puisse paraître, s'avère
dilatoire - et dévoratrice d'un temps qui eût pu être plus opportunément
dévolu à une entrée de plain-pied au coeur de la textualité argumentative. A
cet égard, la référence linéaire au texte est indispensable. Elle doit
s'opérer en cohérence avec une visée exploratoire précise, tangible,
productive. Là encore, l'auscultation des noms propres culturels ne saurait
dispenser d'un examen circonstancié de la dynamique argumentative de la
page.
L'amplitude dimensionnelle du texte (peut-être hypertrophié pour une classe
de seconde) eût vraisemblablement justifié un parcours transversal qui eût
permis un fructueux repérage du protocole d'ordonnancement des assertions
clefs de la page. A tout le moins, le décodage de l'exorde à fonction
problématisante n'eût point été superfétatoire.
Une distribution tabulaire des composantes différentielles de l'écrit et de
l'image eût été un opératoire mode d'accès à une thématique clef du texte -
aisément objectivable, et propice à un travail reformulatoire qu'il sied de
stimuler absolument (et
de toute urgence). Il convient que les élèves puissent accéder rapidement à
l'assertion déterminante (et subtilement modalisée) : "Pour eux, une image
photographique est une preuve irréfutable" ; (la connotation polémique
latente est à décrypter). Récapitulativement, on invitera M. X à se
convaincre de l'impérieuse et impérative nécessité de conduire
ses élèves vers le centre de gravité du texte. Evoquer et invoquer une (la)
"thèse" (du texte) ne saurait dispenser d'une fine étude, à la fois
syntagmatique et paradigmatique, du canevas assertif qui régit cette ample
page. Il faut se hâter. L'heure tourne. L'essentiel se dissout.
Monsieur X détient tous les atouts, notamment langagiers, qui lui permettent
d'exercer avec bonheur : un phrasé élégant constitue l'une des qualités
foncières de ce professeur qu'on conviera à travailler dans le sens d'une
approche du texte dûment stratifiée, organisée, finalisée et graduée.
L'entretien est fécond. Bilan positif."
Ce texte est une illustration de la sous-culture des milieux de la
formation, J.P. Le Goff, dans La Barbarie douce, écrit en 1999 à ce propos : "Les spécialistes des
compétences occupent ainsi des positions de pouvoir dans les institutions de
formation et d'enseignement, tiennent de nombreux séminaires et colloques,
se réfèrent à des disciplines variées comme la psychologie, les sciences
cognitives, les sciences de l'éducation... dont l'autorité ne paraît pas
devoir être mise en question. Les formateurs effectuent un curieux mélange
dans lequel il est difficile de se repérer. Leur vocabulaire particulier,
les difficultés de lecture de leurs écrits impressionnent le néophyte, le
découragent de chercher à comprendre de quoi au juste il est question."
Mais
les Diafoirus et autres pédagogistes, infiltrés dans les IUFM, ne se servent
de ce vocabulaire jargonneux que pour habiller leur incompétence et leur
insignifiance.
Reçu d'Antoine le 03/07/00 :
Pédagogie : définition
Pédagogie. n, fem. ( V. Flatus vocis)
La pédagogie est une nouvelle scolastique pédantesque, consternante
de stupidité et d'inanité, qui permet de pallier l'incompétence dans les
disciplines et de faire vivre un certain nombre de planqués prébendiers qui
sont nos précieuses ridicules et nos médicastres à chapeaux pointus. Ces
nouveaux Diafoirus, qui ne sont jamais au chevet du malade (c'est-à-dire qui
sont toujours très loin des élèves...) ont toujours le clystère dernier cri
ou la saignée propitiatoire (selon les chapelles) pour sauver le patient
moribond. Jocrisses suffisants et pleins d'eux-mêmes (ce sont souvent des
inspecteurs de l'E.N), pionniers du Néant scolaire, ils utilisent un langage
nul, creux et insipide, mais qui devient le véritable cancer des disciplines
tant littéraires que scientifiques . La didactique est la monnaie de singe
des temps difficiles... Il n'y a plus d'or dans les caves, mais on fait
marcher la planche à billets, c'est à dire qu'on met en circulation des
concepts-baudruches en veux-tu, en voilà. C'est une inflation qui évolue en
flatulences et se termine en... météorismes : il suffit de penser au très
sérieux référentiel bondissant qui désigne le ballon dans les instructions
pédagogiques à l'usage des professeur d'EPS. Gonflé, non ?
Quant aux prétendues sciences de l'éducation, elles sont une
fumisterie solennelle qui nourrit assez grassement quelques cuistres
incultes et peut même leur ouvrir les portes de l'Université sur laquelle
ils déversaient naguère leur bile de mauvais étudiants
pseudo-révolutionnaires, ennemis jurés de la culture bourgeoise...( Dès qu'
ils entendent parler culture, humanités, ou pis littérature, ces cancres
arrogants sortent leur revolver. Pas question d'évoquer le mérite, le
travail ou l'intelligence : ça recréerait une bourgeoisie... Le maximalisme
égalitaire est une machine à broyer ubuesque, un rouleau compresseur qui ne
veut pas voir une tête depasser. Malheur à la différence, malheur à l'
aptitude hétérogène, malheur au talent aberrant. Triomphe de la médiocrité
paresseuse qui ne se connaît plus que des droits et des dûs. Apothéose de l
'hypocrite démagogie que l'on rebaptise « démocratie ».)
Et, en effet, nos faux dévots de la cause des élèves vidangent le
contenu réel des enseignements au profit de la forme du cours, qui seule
devrait retenir les efforts du professeur. Comme si les fameuses séquences
de l'enseignement du français, par exemple, étaient une panacée ! La vraie
pédagogie n'est affaire que de psychologie, de bon sens et de réflexions sur
le terrain. Elle n'est pas cette logomachie mâtinée de langue de bois et de
politiquement correct qu'on voudrait nous faire ingurgiter. Elle n'est pas
non plus ce stakhanovisme gesticulatoire qui s'empare de certains collègues
un peu naïfs, frappés par une révélation et qui veulent, à coup de
concertation, vous convertir à leur évangile. Laissons donc ces illuminés à
leur danse de Saint-Guy et à leur mauvaise conscience. Ces témoins de
Jéhovah-Meirieu sont sans doute intéressés à ce que le cours de français ou
de mathématiques ne consiste ni en français ni en mathématiques... Mais
retournons donc les clystères contre les doctes messieurs, donneurs de
leçon, qui font travailler les autres (toutes les réformes ont abouti à un
accroissement insupportable de la charge de travail des enseignants, alors
que ce sont les élèves qu'il faudrait mettre au travail ou les bureaucrates
zélés, vendeurs d'orviétan, qui détiennent la Formule et l'élixir de longue
vie pédagogique et veulent nous le faire fabriquer à leur place).
Soudainement, j'entends la voix de la Raison et du Juste-Milieu qui m
'apostrophe avec componction et sans hostilité : « Vous exagérez, vous
donnez dans la polémique et la caricature. Tout ce qui est excessif est
insignifiant... »
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