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LA GRANDE CONSULTATION DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS
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La réforme est en marche, mais on ne l’imposera pas, nous dit-on. Le BOEN du 19 octobre 2000 va même jusqu’à proclamer " le grand intérêt d’une consultation des enseignants concernés " dont il organise les modalités pour permettre " une vraie réflexion collective ". Cependant cette consultation qui devra s’effectuer dans un calendrier resserré, du 14 novembre au 21 janvier, est confiée aux IA-IPR de chaque académie.
Comment se déroule-t-elle ? Permet-elle une " véritable réflexion " ?
Dans chaque lycée, les professeurs de Français ont été invités à se réunir, fin novembre avant les conseils de classe, autour d’un questionnaire qui varie selon les académies. Un point commun pourtant : le flou des questions. Ainsi à Rouen :
- " Quels sont vos avis sur les nouveaux programmes parus au BOEN hors-série n°6-7-8 du 31 août 2000, concernant vos disciplines ? "
- " En prenant en compte cet état de la réflexion, quelles propositions faites-vous concernant les modalités de l’épreuve de français anticipée au baccalauréat ? "
A Bordeaux, cinq questions :
" 1. Souhaits relatifs au document d’accompagnement
2. Souhaits relatifs aux actions de formation pour aider à la mise en œuvre du programme
3. Avis sur les contenus du programme
4. Avis sur l’évaluation des compétences des élèves
5. Autres remarques "
Ainsi cette consultation porte sur deux points :
- les programmes déjà arrêtés qui pourraient à l’issue de la consultation connaître " d’éventuels ajustements ", (BOEN du 19.10.00).
- les nouvelles épreuves d’EAF qui à l’heure actuelle ne sont pas officiellement arrêtées. Sur ce deuxième point, les éléments fournis sont là aussi très différents selon les académies.
A Rouen, rappel des propositions suivantes venues du GTD :
- L’épreuve anticipée comportera toujours un écrit et un oral
- Les candidats disposeront toujours d’un choix de sujets pour l’écrit
- La spécificité des séries sera conservée lors de l’élaboration des sujets
- Conformément à l’esprit du nouveau programme les épreuves évalueront les compétences suivantes :
. maîtrise de l’expression orale et écrite,
. compréhension d’un texte dans son contexte et maîtrise des principales références culturelles,
. maîtrise des principales catégories littéraires (genres, registres, mouvements),
. construction d’un jugement argumenté et prise en compte d’autres points de vue,
. exercice raisonné de la faculté d’invention
A Bordeaux, certains disposaient d’un étrange document fourni lors des journées interacadémiques de la mi-novembre qui rassemblaient un public choisi. On y a sous la houlette du trio d’experts Viala-Bertrand-Weinland planché sur le QUESTIONNAIRE SUR L’EAF suivant :
QUESTIONNAIRE SUR L’EAF ( Document utilisé à Bordeaux lors des interacadémiques , 14 novembre)
Avertissement: Les questions qui suivent doivent être considérées comme des hypothèses de travail et non comme des positions arrêtées. Elles envisagent des séries de possibilités. De ce fait, elles ne peuvent être dissociées les unes des autres et doivent être envisagées globalement.
ECRIT
Le corpus
- Epreuves harmonisées, un temps de lecture/un temps d’écriture
- 1 texte pour chaque sujet
- 1 corpus de textes pour l’ensemble des sujets
- 1 texte ou 1corpus de textes
Questions
- Nature des questions liée à l’exercice d’écriture
- Jeu sur les catégories littéraires
- Jeu sur les lectures plurielles
- Jeu de comparaison
Ecriture
- Evaluation de l’écriture de commentaire
- Evaluation de l’écriture d’invention
Epreuves
- 2 épreuves, invention d’une part, commentaire de l’autre
- n... épreuves, chaque épreuve évaluant invention et commentaire
- 3 épreuves: (1) composition française
(2) commentaire littéraire, (choix éventuel entre commentaire ou invention)
(3) invention (limitée ou non à un texte d’argumentation)
Modulation des épreuves selon les séries
- Mêmes types d’épreuves et sujets différents
- Types d’épreuves différents
- Modification du nombre d’épreuves
ORAL
Etude du texte
- Interroger uniquement sur des textes connus
- Guider l’élève par des questions s’il se trouve face à un texte inconnu
- Interroger par rapport à la liste, c’est à dire à l’intérieur des objets d’étude et surn des textes inconnus
- Interroger par rapport à la liste, c’est à dire à l’intérieur des objets d’étude et des oeuvres intégrales étudiées ou des lectures cursives complémentaires, sur des textes inconnus
- Interroger sur un texte connu puis sur un texte inconnu, à l’intérieur des différents objets d’étude
Entretien
- Elargissement, du/des texte(s) à l’objet d’étude
- Activité critique
- Réserver une place à l’étude de la langue
Evaluation
- 1 note globale
- 2 sous-notes (texte/entretien) et quelle répartition
- 3 sous-notes (texte1, texte 2, entretien) et quelle répartition
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Sur ce document, quelques remarques :
- C’est un questionnaire qui ne comporte aucune question. Dans certains cas, on peut rétablir :
( Préférez-vous ) un texte ou un corpus de textes ( ? )
mais dans beaucoup d’autres, on ne sait pas sur quoi faire porter la question :
jeu sur les catégories littéraires
- Le chapeau introductif annonce que les questions " envisagent des séries de possibilités " De ce fait, elles " doivent être envisagées globalement ". Pourtant, à la lecture , il semble bien que l’on soit devant des alternatives, parfois du moins, puisqu’ici la rigueur n’est pas exigée. Ainsi le caractère incohérent des 4 points qui détaillent la proposition de corpus est exemplaire de cette confusion : le premier point est obscur et général, le second semble proposer une alternative avec le troisième, alternative que répète le quatrième. De nombreux verbes à l’infinitif semblent davantage prescrire qu’interroger. Quelle réflexion approfondie peut se tenir dans ces conditions ?
- On voit se profiler un nouveau type de sujets : la synthèse de textes, à travers ce corpus proposé aux épreuves de bac. C’est du moins ce qu’ont compris les participants de Bordeaux. Par ailleurs, on n’est plus très sûr de reconnaître nos actuels sujets dans les propositions d’épreuves.
CONSTATS SUR CETTE CONSULTATION :
Les réunions ont eu lieu dans le plus grand flou. On consulte sur des documents d’accompagnement que l’on n’a même pas signalés aux interessés. On comprend d’ailleurs pourquoi.
Les questions sont mal posées si elles sont posées.
Les bases de réflexion fournies sont totalement différentes selon les académies et ne laissent pas prévoir les mêmes orientations.
La vraie réflexion (Questionnaire sur l’EAF) est réservée à un public choisi ( formateurs IUFM, IPR) et sous influence directe du GTD, rebaptisé " groupe d’experts ".
Ceci ne semble pas du tout correspondre au sentiment des 500 professeurs qui ont répondu à l’enquête de L’Ecole des Lettres, cf le n°6 du 15 novembre et les conclusions qu’en tire J. Vassevière.
Ne sommes-nous pas là devant un superbe cas de CONSULTATION-BIDON ? Les projets sont là , leurs inventeurs rebaptisés experts sont là et l’intérêt de la manœuvre, c’est comme le dit le BOEN " d’engager le travail d’appropriation de ces nouveaux programmes par les enseignants concernés ".
PROPOSITIONS :
Envoyez tous les documents disponibles sur ce qui s’est passé ou se passe dans votre académie de manière que nous puissions entretenir le ministre dans son désir réaffirmé de consulter les enseignants. Voir le discours de Jack Lang au Collège de France, le 29 novembre 2000.(www.education.gouv.fr/discours/2000/progdisc.htm)
Thérèse Verneret
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