Pour le comprendre, observons les coefficients de différentes épreuves…

Particularité des sciences expérimentales : coefficient 6 ou 8 (dans le cas où l’on a choisi cette matière en spécialité).

      Une épreuve écrite de 3 h 30 en physique et Sciences de la vie et de la terre notée sur 16 points et une épreuve de Travaux Pratiques notée sur 4 forment l’ensemble de épreuves de chaque science expérimentale. Mais ce ne sont pas les professeurs qui mettent la note sur 4 : ils la notent sur 20. Le rectorat se charge de calculer la note globale sur 20 en appliquant une formule magique tenant compte du fait que la note sur 20 de T P ne compte que pour 1/5 de la note globale de S. V.T , Or, les notes sont systématiquement arrondies par leur soin au demi-point supérieur.

      Exemple : 16/16 à l’écrit (ce n’est pas impossible étant donné les barèmes) et 19/20 en TP donneront en fait 20 au final pour l’épreuve de S.V.T.

      Depuis l’introduction de cette épreuve de TP, les moyennes ont bondi au bac : par exemple en 2008, 12.89 en SVT ; 13.24 en sciences physiques, (par comparaison 9.96 en mathématiques) mais la moyenne a encore augmenté pour les sciences expérimentales.

      De plus un élève ne peut obtenir 0/20 à l’épreuve de T.P puisque 1 point est mis pour …ranger le matériel. Un élève rentre, dérange sa paillasse sans rien faire, ressort : il a un point ! Il est paradoxal que depuis qu’un bulletin officiel [1] spécifie que l’on ne peut pas diminuer une note à cause d’un comportement (bref que l’on ne peut pas mettre une note de conduite), on note pourtant, pour le premier diplôme de l’enseignement universitaire, un comportement ! On peut donc augmenter mais pas baisser la note.

      S’ajoutent à ces matières obligatoires, des matières facultatives, deux au maximum, parmi : musique, arts plastiques, langue vivante 3, latin, grec. Seuls les points excédant 10 sont retenus et, pour la première ou la seule épreuve facultative à laquelle le candidat choisit de s'inscrire, ces points sont multipliés par 2. Si cette première épreuve concerne le latin ou le grec, les points sont multipliés par 3.

      Si un candidat s’est inscrit en langue vivante et en latin : il peut obtenir 10*3 = 30 points de plus grâce au latin, et 10*2 points de plus grâce à sa Langue vivante 3 , soit 50 points de plus qu’un candidat n’ayant pas présenté d’options. Avec les TPE, qui présentent la rare particularité d’être une option obligatoire à suivre mais facultative à présenter (tous se présentent étant donné qu’il n’y a rien à perdre et qu’au prix de quelques copier-coller ils obtiennent une bonne note) , ils peuvent obtenir 10*2 =20 points de plus. Soit au maximum 70 points de plus qu’un candidat sans option.

      Un 20 en TPE ( ce qui existe) peut donc rattraper un 8 en mathématiques d’un élève ayant pris spécialité mathématiques puisque ce candidat aura le même nombre de points que celui qui a eu 10 en maths et 0 en TPE . Avoir 16 en latin peut avoir le même effet…

Particularités des sections européennes allemand section européenne, anglais section européenne ou tout autre langue enseignée en section européenne.

      Le candidat a suivi des cours d’une matière (histoire, ou mathématiques ou autre) dans la langue vivante européenne depuis la seconde au moins. Il présente cette matière à l’oral, dans le cadre d’une épreuve facultative.

      Pour obtenir la mention « bac section européenne » , il lui faut obtenir 10 à l’oral et 14 à l’écrit de la langue vivante obligatoire.

      On peut donc obtenir plus de 20 si l’on a de bonnes notes partout mais si l’on présente des options facultatives … : ce candidat n’a pas volé cependant son bac car il a suivi en plus des TPE, des enseignements plus exigeants (latin, grec , langue vivante 3 ou section euro).

      On peut aussi obtenir son bac S spécialité mathématiques en section européenne allemand avec :
      11 à l’oral d’histoire en allemand
      7 en maths
      7 en SVT
      9 en physique
      10 français écrit
      12 français oral
      09 philosophie
      12 en anglais LV2
      12 en histoire géographie
      14 en éducation physique
      15 en grec
      19 en TPE
      15 en allemand LV1

      CQFD/ cet élève n’est pas un scientifique …est-il littéraire ?

      Mais cela signifie t’il pour autant qu’il faille diminuer les horaires des matières non scientifiques, voire les supprimer (comme l’histoire géographie devenue facultative dans la réformes des lycées en Terminale S) pour revaloriser la filière L et rééquilibrer les filières entre elles ? Qu’est ce qui fait le succès de la filière S ? Sa généralité ! et donc la diversité de matières enseignées alors que l’actuelle filière L enferme les élèves (le rétablissement des mathématiques en terminale a été une avancée mais encore insuffisante). Seule une culture générale peut permettre d’affronter des études supérieures exigeantes et peut développer l’esprit.

      Or, que propose la réforme sous couvert des objectifs de « rééquilibrage » ? elle ne fait qu'affaiblir les contenus disciplinaires, par la diminution des horaires alloués aux différentes matières existantes (et en sciences pour S !) et l'ajout, en filière L de pseudo-disciplines à définition plus que floue : cela aura pour conséquence d'orienter encore davantage vers la S d'élèves qui auraient leur place en L ou ES et d'accroître le décalage entre la réussite apparente au baccalauréat et le niveau réel des élèves.

      Faut il supprimer les options car elles brouillent les pistes, comme semblerait le suggérer l’analyse des résultats de l’élève ayant obtenu son bac S spécialité mathématiques avec des notes faibles en sciences ? NON ! bien sûr. En tout cas pas les options exigeantes sur la durée (langues vivantes, latin, grec, musique) qui aident à la formation d’un esprit mais celles qui ne sont destinées qu’à gonfler les taux de réussite au bac.

      Faut-il supprimer le bac alors ? NON ! c’est actuellement le dernier rempart permettantl’égalité des élèves devant l’enseignement, dans le cadre de la réforme des lycées accentuant l’autonomie des établissements. Même si l’on n’apprend pas la même chose avec le même programme à Henri IV et à Aubervilliers, le fait que l’on prépare au même examen (même dévalorisé) reste une garantie d’égalité sur le territoire. Les études P.I.S.A ont montré une corrélation entre réussite globale des élèves et existence d’un standard dans un pays donné [2]. Certains pays à organisation décentralisée (telle l’Allemagne) en tirent actuellement des leçons…si le bac était supprimé, cela nécessiterait de facto, une sélection à l’entrée de l’université et ceux d’Aubervilliers seraient sans doute condamnés à une université de seconde zone…

Florence Costa Chopineau

1. Bulletin officiel http://www.education.gouv.fr/bo/2000/special8/default.htm : « Il convient également de distinguer soigneusement les punitions relatives au comportement des élèves de l'évaluation de leur travail personnel. Ainsi n'est-il pas permis de baisser la note d'un devoir en raison du comportement d'un élève ou d'une absence injustifiée. Les lignes et les zéros doivent également être proscrits. »

2. Les nouvelles politiques éducatives, N. Mons, PUF.