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Les travaux personnels encadrés


Texte paru sur Lettres&Débats, le 13/02/2000 :

Or donc, reprenons sur les TPE.
Dans l'absolu, c'est très bien.
Dans le concret, cela pose quelques petites questions (de détail ?) :
- Ceux qui ont chez eux des ressources que n'auront pas d'autres (y compris en "personnel compétent") seront favorisés... Où sera l'égalité des candidats ?... et je me dis qu'il est heureux que j'aie passé le bac en 70... Chez moi, il n'y avait pas d'intellectuel, et pas d'argent pour payer des substituts.
Une collègue de Sciences Physiques m'a fait part du cas de son neveu qui - dans un établissement expérimentateur - a pu se décrocher un 18 avec l'aide de tonton ou papy (pardonnez le flou, j'ai oublié..)
- Quand je vois le mal qu'ont mes élèves à mener un travail de synthèse sur UNE oeuvre concernant UNE discipline (le français), je vois mal comment il pourront aboutir à un résultat présentant un minimum d'intérêt sur un sujet vaste concernant DEUX disciplines... à moins que, concurrence pressant, le prof n'améliore un peu l'ordinaire.
- Le prof qui suit le travail le note... Cela ne gêne personne ?
- Donner une note individuelle même s'il s'agit d'un travail de groupe, il faudra qu'on me forme pour cela, je ne sais pas faire.
- Comment faire face aux éventuelles pressions ?.. je connais déjà des collègues qui, pour de simples notes trimestrielles, avouent "arranger un peu leurs moyennes" pour que la moyenne de classe soit à 10 parce qu'ils en ont assez d'avoir des remarques (diverses et sous diverses formes).

Si quelqu'un pouvait me convaincre que je me trompe sur la première des questions, je vous assure - sans rire - que je lui serais reconnaissante.

Christine Fumat


D' Alain Talé, http://perso.club-internet.fr/taal

LES TPE et la façon dont on nous les impose autoritairement comme la panacée : une opinion de l'an dernier et la suite maintenant.

(JUIN99), je croyais alors qu'ils nous tomberaient dessus en septembre suivant.

Après les modules, la "lecture méthodique", (comme si elle ne l'était pas avant) en français, "l'étude du texte argumentatif et travaux d'écriture", tous ces "machins" sur lesquels les collègues ont eu à s'interroger pendant plusieurs années pour entrevoir leur nature et leur intérêt par delà des textes abscons, je cherche à comprendre ce dont il s'agit avec les TPE: Nouveaux stages en perspectives; mon bahut est déjà plein de propositions des organismes de formation (ça sera d'ailleurs cher pour l'éducation nationale, donc nos impôts: est-ce un nouveau lobby? ).Peut-être cela sera -t-il l'objet de nos quelques jours de prérentrée: il commence à devenir habituel de se taper les exposés des pontes des "sciences de l'éducation " et de l'IUFM, grassement payés pour nous endoctriner en ces occasions .

Quasiment aucun prof ne réalise dans mon bahut que c'est au programme l'an prochain, mais il faudra encore s'adapter à un nouveau monstre formel, qui ne me paraît pas si vital en période d'illettrisme et d'inculture; mais je crois qu'une nouvelle fois, on testera la capacité des profs à se soumettre; et les profs qui y arrivaient encore seront une fois de plus poussés à remplacer des méthodes qu'ils avaient testées et acquises d'expérience, par des outils théoriques établis dans des sérails; J'ai entendu aujourd'hui sur BFM que l'avantage et le modernisme de cette réforme, "pilier de la réforme Allègre", était que le prof ne serait plus le meilleur dans sa matière, mais qu'il deviendrait seulement une "ressource" , sur des sujets sur lesquels il ne serait pas le plus compétent, pour l'élève dans ses recherches. Quel est l'intérêt de tant d'études pour en arriver là? Et pourquoi alors prendre un prof , plutôt qu'un concessionnaire automobile?

Bien sûr que tout cela peut avoir, "quelque part" comme on dit, un intérêt; mais le principe semple constamment le même: trop de théories pour remplacer ce qui ne marchait pas si mal; l'affirmation constante que cela ne marche plus du tout (sauf chez ceux qui suivent les directives,- ce qui reste amplement à démontrer concrètement dans les bahuts); la référence misérabiliste aux élèves défavorisés (même si on les enfonce encore plus), ... et la conclusion sempiternelle : si l'école se dégrade, c'est qu'on n'est pas encore allé assez loin. Quand on nous fout à la casse comme de vieilles bagnoles, combien de temps encore allons-nous en redemander? En tous les cas, de même qu'on a remplacé la grammaire ringarde par la linguistique en collège, on pioche une fois de plus dans le matériel universitaire pour rendre aux gamins des bases que les mêmes méthodes ont détruites chez eux; si c'est voulu, c'est cynique ou intéressé; sinon, c'est imbécile. Dans tous les cas, c'est grave .

Suite du débat en mars 2000 :

Bilan depuis cette époque lointaine: (signalez-moi ce qui a évolué depuis dans votre propre perception de la chose): il y a eu depuis chez nous des stages organisés par des "intervenants" sur les TPE, mais réservés aux "profs accompagnateurs et profs principaux", à charge pour eux de faire comprendre aux autres, en échange de leur indemnité, le caractère utile, -et obligatoire- des ces merveilles. La réunionnite est en train de se planifier, chez nous, pour remplir les cadres creux que l'on nous présente -ou nous faire accepter de copier servilement les modèles qui nous sont proposés.

Devrons-nous encore accepter de laisser la grève filer sur les thèmes syndicaux du style "des moyens pour les TPE", ou nous révolter enfin contre le totalitarisme de telles méthodes? Notre métier ne consiste-t-il donc qu'à éveiller la citoyenneté en dénonçant les totalitarismes des autres? Je signale en passant que, parallèlement, de jeunes stagiaires de Capes se sont fait rabrouer chez nous par des inspecteurs pour avoir parlé de complément d'objet direct (cela n'existe plus: on doit parler seulement de "compléments "essentiels" et non essentiels, c'est tout); d'autres, pour avoir fait un corrigé de version latine (ils auraient dû parler devant les élèves de "remédiation"; d'autres ignoraient que le conditionnel était devenu un temps. Les exercices de dictées ont été reprochés; par contre , on conseillait de faire plancher les élèves de 6è sur l'"émetteur", dans le texte de Hugo, qui se trouvait être Gavroche, afin d'aboutir au "schéma actanciel" du texte.

Parallèlement aussi- et logiquement- j'ai maintenant des élèves de seconde qui me demandent en "aide individualisée" de leur réexpliquer la différence entre le nom et l'adjectif; certains manient le terme de "connecteurs logiques" sans différencier une conjonction d'un pronom ou d'un adverbe; on apprend aux élèves à "étudier les modalisateurs et l'énonciation " dans un texte, mais la question la plus difficile pour eux devient:" que dit le texte"? Les parents ne peuvent plus comprendre un sujet de bac, et on leur fait passer cela pour un progrès, en utilisant les complexes que cela crée; c'est personnellement avec honte que je présente toute cette "nomenclature" nouvelle aux élèves, en sachant que les sujets de bac sont rédigés dans ce "novlangue" et que je les pénaliserais en ne le faisant pas: des heures de réflexion utiles perdues pour ce jargon-est-ce le but? ; je regrette qu'on fasse croire aux parents- (et que tant de profs rentrent dans ce jeu!) que tout cela est un progrès que ne peuvent refuser que des passéistes.

En réalité, j'ai bien l'impression qu'on cherche, comme dans tous les états totalitaires, à diriger les profs et à couper les enfants des parents pour mieux façonner la jeunesse. Et dire qu'on trouve des profs pour jouer le jeu, pour réciter les textes gouvernementaux avec peut-être même -pour certains - de la sincérité ou de l'absence d'ambition; pour dire que la généralisation des 35 heures au bahut ce serait bien (bref, la caserne c'est vraiment mieux et plus efficace, bravo à l'heure des boulots qui commenceraont à se faire de chez soi par les moyens informatiques!

Mais surtout, quel besoin ont tous ces gourous de vouloir que tout le monde fasse comme eux; que ne nous montrent-ils leur efficacité par l'exemple sans vouloir utiliser l'autorité du chef? Sont-ils vraiment persuadés qu'ils sont les seuls à avoir jamais intéressé, instruit, ou éduqué des élèves? Je n'ai personnellement jamais eu l'idée d'exiger qu'un autre prof fasse, au nom de l'"équipe pédagogique " et de la "pluridiciplinarité", la même chose que moi! Il y a des moments où j'ai l'impression que les méthodes utilisées ne sont guère différentes de celles de l'église de scientologie (après tout c'est bien à l'école qu'on glorifie maintenant ici et là la "gestion mentale") Bref, je m'inquiète,-et on me dira donc que je suis parano et archéo.

Je ne suis pas le seul dans mon bahut; je ne défends pas mon bifteck, et je connais aussi d'anciens élèves, des amis devenus parents qui demandent:" mais qu'est-ce qu'on leur apprend encore?" Donc, pour éviter certains types de débats fréquents, arrêtons de mettre en cause parents, enfants, ou profs : aucun d'eux n'est responsable de l'idéologie qui envahit académies, ministère, et IUFM : ne nous sentons pas accusés ou solidaires de ces derniers à l'idée qu'ils soient remis en question Et si nous faisons grève, disons tout cela! Disons que cette réforme n'est pas un progrès à une époque ou le mot paraît toujours "globalement positif".

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