Les enseignants de Lettres du Lycée XXX
à Monsieur le ministre de l'Education nationale
à Monsieur le Recteur de l'académie de…
à Monsieur le doyen de l'Inspection Générale de Lettres
Nous sommes indignés par la façon dont la nouvelle ÉAF a été imposée : publiée au B.O. le 28 juin, bien après la fermeture des classes, lorsque l’information par la voie hiérarchique n’est plus possible, elle n’a été connue de la plupart des professeurs que le jour de la rentrée. Il en va de même des modifications introduites aux programmes de seconde et de première, publiés au B.O. du 12 juillet 2001.
Nous nous trouvons devant une profonde refonte de l’épreuve anticipée de français, alors qu’aucune des procédures en usage n’a été respectée :
pas d’information préalable de l’Inspection dans les établissements ;
pas de délai de deux années scolaires pour qu’on puisse y préparer les élèves dès la seconde ;
pas d’annales zéro publiées en même temps que les textes officiels.
Il est impossible de préparer nos élèves en trois trimestres, dans ces conditions d’improvisation. Nous dénonçons le cynisme et la désinvolture du ministère qui, conscient de l’hostilité de la grande majorité des professeurs à cette réforme, a voulu faire un coup de force, quitte à sacrifier la formation des élèves qui passeront l’ÉAF en juin prochain.
Nous dénonçons l'introduction d'un sujet d'"invention" dont le caractère protéiforme ne permet pas une réelle préparation et dont le manque d'exigence rend l'évaluation des plus aléatoires. L'épreuve orale nous apparaît en outre impraticable du fait de l'alourdissement des conditions de passation.
Nous dénonçons enfin le caractère contraignant de programmes fondés sur des séquences imposées qui atrophient notre pratique et condamnent nos élèves à des connaissances parcellaires et dispersées.
Nous exigeons donc :
un moratoire de la réforme de l’EAF, afin que, quelles que soient les formes nouvelles de l’épreuve, nous puissions y préparer sérieusement nos élèves dès la seconde, dans le respect du travail des élèves et des enseignants ;
une consultation réelle des professeurs, avant toute transformation définitive de l’épreuve, et non des pseudo-consultations, comme celles de l’an dernier ;
la démission du Groupe d’Experts, responsable, par son dogmatisme et son refus d’entendre les professeurs de terrain, de la situation actuelle : réforme incohérente, décidée à la hâte, promulguée à la sauvette, deux fois remaniée au B.O., et refusée par la majorité de ceux qui doivent l’appliquer ;
enfin, en ce qui concerne la notation des épreuves, la disparition des pressions exercées : les statistiques doivent être le reflet du réel et non l'inverse.
Nous appelons les professeurs d'autres matières, dont l’enseignement subit les mêmes atteintes, à s’unir pour s’opposer à des réformes imposées par la force, qui font pièce à la réflexion critique et à l’exigence de contenu.
Ministère de l'Education Nationale, 110 rue de Grenelle, 75007, Paris
Inspection Générale de Lettres, 107 rue de Grenelle, 75357 Paris
09/2001