Les nouveaux manuels de français (lycée)
Montage de textes parus sur
Lettres&Débats dans la semaine du 28 mai 2000.
Quelques "coquilles" subtiles...?
Vu ce soir dans un bouquin de français
de 2nde appliquant les nouveaux programmes, rubrique
"s'exprimer" : "Préférez-vous être sollicité(e) pour faire des
recherches, ou des travaux personnels, ou suivre des cours
magistraux (cours où le maître dispense le savoir, sans mettre
l'élève en situation de découvrir par lui-même) ?"
A la rubrique "Education" qui ne manque pas de survenir
à la fin de l'ouvrage, un texte de Dubet sur la vie lycéenne
et la liberté extraordinaire qui la caractérise... Sujet de réflexion
accompagnant le texte : "Croyez-vous que les élèves puissent
travailler et vivre en auto-discipline dans les lycées ? si oui, à
quelles conditions ?"
Dans un autre, une soi-disant "Anthologie, textes et parcours
en France et en Europe" à destination des 2nde et 1ère (un
texte par auteur en moyenne, tous les siècles de l'Antiquité au
XXème, en 21x15x2,5cm et 580g dernier carat...), au hasard
Balthazar : Rimbaud, lui, a droit à deux poèmes (quand même !!!) :
"Voyelles", "Alchimie du verbe" et pour chaque poème TROIS "questions" :
"Voyelles" :
1) "Voyelles" est-il un sonnet régulier ? Justifiez votre réponse.
2) Relevez toutes les "correspondances" utilisées par Rimbaud.
(ce qui revient évidemment à relever le sonnet tout entier)
3) Exercez-vous à réciter des poésies de Rimbaud en choisissant
un poème dans son oeuvre.
"Alchimie du verbe" :
1) En quoi ce texte est-il un poème en prose ?
2) Enumérez les raisons pour lesquelles le poète entreprend une révolution
poétique et les moyens qu'il utilise (ce qui revient évidemment encore
à relever tout le texte )
3) Le titre du poème vous paraît-il justifié ? En quoi ?
(seule question qui autorise un travail minimal sur les formes et le sens du
texte...)
Ailleurs, à la rubrique "Icono" (sic), une reproduction du "Portrait de
John Dyer
dans un miroir", de Bacon. "Activité" : "Imaginez en une trentaine de lignes
le
monologue intérieur du personnage."
Bonne nuit, les petits !!!
Eliane
S'en servir, les acheter ou pas ?
Ce n'est pas une éclosion de fleurs,
c'est une pluie battante : j'en suis à 9
spécimens... qui dit mieux ?
Je suis de plus en plus tentée par le boycott.
Pour ce qui concerne mon établissement, il a été
décidé, pour l'instant et en accord avec les parents
d'élèves apparemment, d'attendre septembre.
Françoise
Au conseil d'enseignement, en présence du proviseur,
notre décision de ne pas acheter les nouveaux manuels
de seconde, dans l'intérêt des élèves, n'a posé aucun
problème. Le souci, louable, des proviseurs est que
les manuels achetés par les familles soient utilisés
en cours. Or les proviseurs n'ont aucun droit de
regard sur nos pratiques pédagogiques. Dès lors que
nous estimons, en prenant nos responsabilités, que les
nouveaux manuels sont inutilisables parce que trop
imbéciles, parce qu'ils bureaucratisent notre
enseignement dans des séquences rigides et que lire
des textes ne revient pas à se servir de bouts de
textes, juxtaposés dans un joyeux zapping, qui servent
de prétextes pour illustrer des machins plus ou moins
savants, tels que l'énonciation, la pragmatique, etc.
Où est la littérature dans tout cela ? Où sont les
textes étudiés pour eux-mêmes, pour le sens et les
valeurs dont ils sont porteurs, pour les problèmes, de
tout ordre, qu'ils posent.
Christophe
Moi aussi j'attends septembre et peut-être même au-delà car je ne vois pas
comment choisir un livre qui doit durer cinq ans (il n'est pas honnête à mon
avis de les changer trop souvent car les élèves ne peuvent le revendre) dans
la précipitation. Le Directeur est d'accord pour une série de
photocopillage-rentrée. De plus, je me souviens de la dernière réforme : les
manuels mal adaptés ont été changés en partie l'année suivante, en gardant
les mêmes jaquettes et je traîne encore des classes avec deux livres
différents. Enfin, des manuels annoncent sans hésiter 2e/1e... comment
savent-ils déjà ce qu'il se passera l'année prochaine ?
Annie
Aimé Jaquet, nouvelle icône des réformes
La tête d'Aimé Jaquet à l'ouverture du chapitre
sur "Eloge et Blâme" dans la dernière édition de Bernard Lacoste, c'est
tout ce que les nouveaux programmes de 2de
inspirent, en terme d'iconographie ?
Eliane
Nous aussi avions remarqué cette photo de Jacquet triomphant en
pleine lumière tandis que sur l'autre page un Goya côtoyant d'autres
représentations (portrait de De Gaulle.) a inspiré cette remarque à un agent
des photocopies-probablement mère d'élèves et donc susceptible de donner son
avis sur l'enseignement de l'avenir-qui croyait que notre attitude
scandalisée venait de là : « Ben oui, vous avez raison, qu'est-ce que c'est
moche. ».
D'un côté sur une pleine page le dieu du foot,porté en triomphe et portant
la coupe en triomphe, comme une nouvelle pyramide égyptienne dressée vers le
ciel, et de l'autre un Goya tout gris aux figures grimaçantes (« les
Vieilles ») qui se cache piteusement en bas à droite, « y a pas photo ». Eloge
de Jacquet et blâme de Goya.
Corinne
Montage et sous titres : Delphine Guillaumie
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