Compte rendu du débat qui a suivi l'intervention de Michèle Gally.


- Question sur la pédagogie inductive des lettres.

- Michèle Gally : Il faut donner d’abord le savoir et les outils pour ensuite faire faire des exercices.

- Ne faudrait-il pas dissocier l’enseignement du français et celui des lettres ? En effet c’est une fiction de penser que l’école primaire enseigne le lire - écrire et le secondaire, la littérature : ainsi, on pallierait la diminution des heures de français à l’école qui s’est effectuée sous prétexte que l’on fait du français dans toutes les matières…….et les problèmes de maîtrise de la langue des élèves. De plus, nous sommes censés leur enseigner de grands textes mais il n’y a plus de textes " canoniques " dans les textes de base des manuels. Enfin le travail en séquences oblige à tout mélanger.

- Le problème serait déjà moins grave si le primaire assurait l’enseignement du français.

- Qu’est ce qu’un texte " canonique " ?

- Celui que l’on met dans une anthologie ! donc intervient un critère de réception entre autres.

- Quel est l’avenir de la filière L ? Il y a une désaffection pour les humanités dans notre société pas seulement parce que les valeurs marchandes l’emportent mais parce que l’école ne fournit pas une formation permettant d’assurer ces humanités.

- [Un instituteur] : Il faut que l’école primaire fasse son travail car c’est à cause de nous, enseignants de tous niveaux, que les étudiants de niveau Bac + 4 et 5 peuvent avoir des lacunes extravagantes.

- [Un membre du jury du CAPES 2005] : Pas seulement en langue, une candidate par exemple ne connaissait ni Voltaire, ni Candide, qu’elle n’avait donc jamais lu.

- [Un professeur de lettres de CPGE] : Les sujets de bac n’ont plus la littérature comme objet : le sujet d’invention a été pensé comme sujet de littérature mais puisque l’on n’apprend pas aux élèves à écrire, et ce sur un grand laps de temps (depuis la sixième), ce type de sujet est une fumisterie : du rousseauisme débilitant. Le résumé discussion qui existait avant la réforme, ne persiste que dans les épreuves de concours de recrutement aux écoles d’ingénieur, et est de l’ordre de la rhétorique. Il est cependant pertinent en CPGE car la discussion porte sur un programme, étudié par les candidats au préalable et ne se contente pas de leur demander un avis sans leur avoir donné les moyens intellectuels de le motiver.

- Michèle Gally : Il faut en fait mener la critique d’un bout à l’autre du système scolaire : du primaire à l’université, or, il y a peu de réflexions de la part des universitaires sur les programmes à part un texte du collectif " Abélard " (Universitas calamitatum : le livre noir des réformes universitaires).

- [Un professeur du secondaire] : Trois facteurs expliquent la dégradation du niveau en lettres des étudiants et élèves : les programmes, les manuels, les collègues.
On n’aborde qu’un seul mouvement littéraire par an, et puisque l’on aborde la littérature par le genre, on peut étudier un roman arlequin !. La poésie n’est pas étudiée en seconde.
Dans les manuels, tout se vaut, les Confessions de Rousseau et les Mémoires de Loana…..
Certaines listes peuvent être fantaisistes : uniquement par exemple des poèmes de J. Follain, ou des textes de F. Beigbeder, de Nothomb….
Enfin, pour moi, le problème de la série L est d’avoir voulu la rendre utile.

Conclusion d’un intervenant, la phrase d’Alain Finkielkraut : " on leur a donné la parole mais on ne leur a pas donné le langage ".

[C.R. : F.C.]

Université d'été 2005

09/2005