Perles officielles

Salauds de profs ! (proposé par Jean-Baptiste)

« On sait que les profs sont les premiers à trouver les bonnes places pour leurs enfants, à truquer la carte scolaire, à trouver les bonnes options, que c'est d'ailleurs les fils de profs qui réussissent le mieux partout et qui critiquent le plus les autres, les mauvais parents, les méchants parents... (interrompu par son interlocuteur interloqué, qui n'était pas professeur) ...qui cherchent à trouver ...qui cherchent à trouver, tant bien que mal, la manière de bien scolariser leurs enfants. Il y a des millions d'enfants (se reprenant), des milliers d'enfants qui sont entrés en sixième cette semaine, je voudrais savoir combien de parents sont au courant des critères de constitution des classes, c'est-à-dire combien de parents savent si la classe dans laquelle on a mis leur enfant, c'est la classe des bons, la classe des moyens, la classe des faibles, la classe des maghrébins, la classe de ceux qui font allemand, etc. Les parents sont tenus dans une ignorance absolue, et seuls les initiés (se répétant, du ton de "je dis bien"), les initiés, se débrouillent pour réussir et faire réussir leur gosse. On n'est même pas dans le marché en France, on est dans le marché noir. »

C'est de Philippe Meirieu. Vous pouvez lire la tirade complète, déclamée le samedi 14 septembre 2002 sur le plateau de On aura tout lu !, émission de la Cinquième.


Malfaisance... (proposé par Olivier)

Tiré de Apprendre... oui mais comment ?, par Philippe Meirieu (ESF, 1987) :

« Projet : dans le registre de la didactique, ce terme désigne d' abord l'attitude du sujet apprenant par laquelle il se trouve en situation active de recueil et d'intégration d'informations ; les informations ainsi intégrées et mentalisées peuvent être considérées comme des connaissances. Par extension, ce terme peut désigner la tâche qui finalise les activités les activités de recueil d'informations du sujet. »

« Répertoire cognitif : Mémoire de travail constituée d'indicateurs de réussite corrélés à des types de tâche, d'indicateurs de structures de classes de problèmes corrélés à des programmes de traitement et d'indicateurs de correspondance corrélés à des stratégies personnelles efficaces. »

Quelle honte que ce pays ait laissé à de tels individus la responsabilité de la formation scolaire de nos enfants !


Les entretiens Friedland (proposé par Edith)

Un véritable collier de perles !

Par exemple : "L’école a pour valeurs le respect et l’obéissance, or l’entreprise a besoin de réactivité, cela suppose de la désobéissance. On devrait apprendre aux élèves à faire fructifier leur capital de désobéissance" (Jean-Pierre Boisivon).

Il faudrait citer l'intégralité de cette réunion organisée par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, qui a eu lieu le 11 février 2002, et dont le thème était : « Enseigner demain , des enseignants qui innovent pour un métier qui change ».

Vous pouvez lire un florilège de citations de ces Entretiens Friedland.


Jospin, dérégulateur de l'école (proposé par Christophe)

"Je considère que ce que Jospin a fait à partir de 1988 quand il était ministre de l'éducation nationale permet d'ouvrir la voie à ce qui se passe aujourd'hui."

Pierre Lambert, dirigeant historique des trotskistes-lambertistes, dans L'Express (numéro du 04-11 octobre 2001).


L'école au secours de l'économie (proposé par Christophe)

"Nous avons beaucoup de preuves statistiques qui montrent que, une fois que les élèves ont été formés à Internet, leur famille s'équipe" déclare Erkki Liikanen, commissaire européen à la société de l'information (Le Monde interactif du 19 septembre 2001).

Il ne s'agit pas ici de discuter la nécessité de former les élèves aux nouvelles technologies, il s'agit seulement de ne pas être dupes de la propagande qui gravite autour d'elles.


Une profession de foi pénétrée d'humanisme (proposé par Mireille)

"Le choix d'une thèse ne relève pas de la conviction intime, mais de l'efficacité argumentative."

Imprimé en caractères gras, page 115 du manuel scolaire de Boissinot et Lasserre : Lire, Argumenter, Rédiger (Bertrand-Lacoste, 1988).


Un "réformateur" peut en cacher un autre (proposé par J.Baptiste)

"Jospin, en fait, considérait que je devais réaliser les réformes qu'il n'avait pas pu faire, ou terminer, quand il était ministre de l'Education. Les réformes Allègre étaient très voisines dans l'esprit de celles qu'il avait lui-même engagées lorsqu'il était ministre et qu'il n'avait pas pu faire complètement aboutir, car le soutien du Premier ministre, mais surtout du président de l'époque, lui manquait."

Claude Allègre, Toute vérité est bonne à dire, Pocket, p. 17.


Ce qui se conçoit bien... (proposé par Mireille)

"Bien que, par commodité et habitude, on emploie le plus souvent le terme de "texte", il importe de bien faire la distinction entre les mots "texte" et "discours". Si, comme nous l'avons précédemment défini,le terme de "discours"renvoie à la mise en pratique du langage, dans un acte de communication à l'écrit et à l'oral, on considèrera que le "texte" est la forme concrète que prend ce discours." CQFD.

Littérature et Langages, français 2°, éd. Hachette, p.231, §5 (de Catherine Klein, et alii.).

Dans ce manuel, comme dans TOUS les manuels de 2° sortis en 2000, on ne parle plus de "texte" mais de "discours". Les élèves ne s'y retrouvent plus...


Privatisation ? Allons donc... ! (proposé par Christophe E.)

"L'enseignement à distance [...] est particulièrement utile [...] pour assurer un enseignement et une formation rentables. [...] Le monde des affaires devient de plus en plus actif dans ce domaine, soit en tant qu'utilisateur et bénéficiaire de l'enseignement multimédia et à distance, soit en tant que concepteur et négociant en matériel de formation de ce type."

Rapport de l'Union Européenne du 7 mars 1990 : L'enseignement et l'éducation à distance.

Rappelons que l'enseignement constitue, d'après l'OCDE, un marché de 1000 milliards de dollars par an en CEE.


La conférence des recteurs renaît de ses cendres (1) (proposé par Agnès)

"La Conférence des recteurs français, qui regroupe les 30 recteurs d'Académie, reprend du service. A la demande de Jack Lang, elle redémarre ses activités dans trois directions : réfléchir à l'évolution du système éducatif, formuler des conseils aux ministres lorsqu'ils le souhaitent et traiter de questions internes, notamment institutionnelles. Premier travail : l'élaboration de propositions sur le collège d'ici janvier.

"Ambitieuse intellectuellement", la démarche qu'entame la Conférence des Recteurs "aborde le collège dans sa globalité" et vise à accompagner la réflexion de Jack Lang sur cette question.

(...)Tout d'abord, la responsabilité de conduire les jeunes vers la réussite. Les recteurs estiment qu'à la mission traditionnelle de transmission des savoirs s'en ajoutent deux nouvelles : le développement des compétences "autres que cognitives", d'ordre artistique, physique et sportive, technologiques, etc., et la formation du citoyen. Cette diversification des moyens appelle de nouvelles relations avec les acteurs sociaux, "notamment les entreprises". Elle implique aussi que l'on fasse des procédures d'orientation un acte "plus positif". Les recteurs se demandent s'il ne faudrait pas les inclure dans l'emploi du temps des élèves."

Extrait de Le Monde - La Lettre de l'Education ("L'hebdomadaire des professionnels de l'éducation") n° 322, du 13 novembre 2000. Le titre est d'origine.

On avait déjà une définition de la réussite : tout le monde sait que "l'échec scolaire" n'existe plus, il ne s'agit que de "réussite différée". Voici maintenant, au collège, la réussite en temps réel : la "réussite autre que cognitive". On appréciera qu'elle dépende des "entreprises".


La conférence des recteurs renaît de ses cendres (2) (proposé par Agnès)

"Un autre volet de leur réflexion concernera "l'autonomisation des établissements et des maîtres". "Il n'y a pas de recette globale permettant de faire réussir chaque enfant", estime la Conférence. Dans cet esprit, elle étudiera la question de la contractualisation des moyens des collèges. Les manières d'améliorer "l'attractivité des établissements" sont aussi à l'ordre du jour, avec une hypothèse concrète : la transformation des salles de classe en "classes-pupitres", où chaque élève travaillerait sur un ordinateur multimédia relié à celui du maître. Coût estimé par la Conférence : 240.000 francs pour 24 pupitres dans 100 classes. (...) Le métier d'enseignant est également amené à évoluer estiment les recteurs. Une modernisation de la formation des IUFM est souhaitable."

Extrait de Le Monde - La Lettre de l'Education ("L'hebdomadaire des professionnels de l'éducation") n° 322, du 13 novembre 2000. Le titre est d'origine.

On l'aura compris : le professeur n'est plus un ingrédient de la "recette globale" qui contribue à "l'attractivité des établissements". On le remplacera donc par une "recette autonome" : l'ordinateur multimedia...


Curiosité mal placée ? (proposé par LVM)

"On présente donc ici une liste de romanciers et de romans, ainsi que de nouvellistes des XIXe et XXe siècles qui pourront faire l’objet d’études en classe de seconde. Cette liste a été établie à partir de la consultation et des expérimentations qui ont déjà eu lieu (...) Il est possible de faire lire et étudier (...) éventuellement, des œuvres moins attendues pouvant susciter la curiosité et l’intérêt des élèves (sic!) (...) Kristof, Le Grand Cahier (...)"

Documents d'accompagnement des nouveaux programmes de la classe de seconde, page 20.


Alliance libérale-libertaire (proposé par Christophe)

"Il faut multiplier les Gaby Cohn-Bendit et les Marie-Danièle Pierrelée, et créer 1000 collèges et lycées expérimentaux."

Alain Madelin, Libération du 24-11-2000.

La boucle est bouclée, tout est dit : les libertaires ex-soixante huitards servent, consciemment ou inconsciemment, un projet ultra-libéral.


Vers une école light libérale (proposé par Christophe)

Selon l'OMC, l'Education serait désormais un "article destiné à la consommation publique et privée".

L'OCDE définit sa stratégie : "Si l'on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire par exemple les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités (...). Les familles réagiront violemment à un refus d'inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l'enseignement et l'école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l'établissement voisin, de telle sorte que l'on évite un mécontentement général de la population."

Morrisson Christian, La Faisabilité politique de l'ajustement, Cahier de politique économique n°13, Centre de développement de l'OCDE, OCDE 1996, p. 30.


Suspense... (proposé par LVM)

"Faut-il enseigner l'informatique ? Je vais briser le suspense et vous répondre honnêtement : je n'ai pas de réponse à cette question."

Jack Lang, Colloque e-education, Salon de l'Éducation, 22/11/2000
http://www.education.gouv.fr/discours/2000/e-educd.htm


Ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable... (proposé par J.Baptiste)

"L'apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d'enseignants. (...) Dans certains pays, il semble que les enseignants encourent réellement le risque d'être les laissés-pour-compte dans le développement du marché des technologies de l'information."

Mais qu'on se rassure : l'Etat continuera à avoir besoin de professeurs, puisqu'il lui restera à assurer "l'accès à l'apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l'exclusion de la société en général s'accentuera à mesure que d'autres vont progresser."

Adult learning and technology in OECD countries, rapport de l'OCDE, 1996.


...une authentique mission de service public ? (proposé par J.Baptiste)

"Pour s'orienter, il est besoin de repères, de jalons. Le Salon de l'Education vient répondre à cete demande et chacun des stands est une boussole. C'est une authentique mission de service public (...). Les portes s'ouvrent cette année alors que la France préside l'Union européenne. C'est le moment d'affirmer la volonté d'élargir les horizons de notre enseignement. Les séjours à l'étranger ne doivent plus être l'exception, mais la règle pour le plus grand nombre. Il est aussi une autre forme de mobilité, virtuelle celle-là, née des technologies de l'information et des communications. Elle permet d'autres voyages, donne accès à de nouvelles manières d'apprendre et de se former. Car l'enseignement en ligne est d'ores et déjà devenu une réalité."

Jack Lang, présentation de l'invitation au Salon de l'Éducation 2000.


Branchons le Mammouth (proposé par LVM)

"Actuellement, l'enseignement traditionnel est unidimensionnel (le professeur parle et l'élève prend des notes). C'est le même rapport qu'avec la télé... L'ordinateur change tout : il vous pose des questions. vous pouvez vérifier si vous connaissez votre cours, vous l'interrogez et il répond, etc. Vous prenez l'habitude de l'interaction. Et on va aller dans l'interactif pendant les cours. On le sent déjà, ça rejoint une volonté des élèves."

Claude Allègre, interviewé dans L'Expansion n°608, 4-7 Novembre 1999.


Les attentes des enseignants... (proposé par LVM)

"Dans un système de libre concurrence, de solides groupes privés ont créé des serveurs (parfois payants) à destination des enseignants et mettent en ligne des productions souvent d’excellente qualité éditoriale, mais qui parfois correspondent davantage aux attentes des enseignants qu’à la volonté de mettre en oeuvre les recommandations institutionnelles."

Inspection générale, Rapport sur les technologie de l'information et de la communication

Autres citations et commentaires ici :
http://framanet.free.fr/divers/reflex.htm


Pourquoi faire simple... (proposé par LVM)

"Depuis de nombreuses années, dès le cycle des approfondissements de l'école primaire et plus encore dans les classes de collège, on peut constater que de très nombreux enfants, droitiers ou gauchers, ont de réelles difficultés à tenir un instrument scripteur."

Ségolène Royal (B.O. N°24 du 17/06/99, NOR : SCOE9900890C, RLR : 554-9, CIRCULAIRE N° 99-082 DU 10-6-1999, MEN DESCO A1)


Chronique d'une mort annoncée (proposé par Eliane)

"La littérature sert-elle ?"

Marc Baconnet, doyen de l'Inspection Générale des Lettres, "Perspectives actuelles de l'enseignement du français", séminaire du Ministère de l'Education Nationale, octobre 2000.


L'étude de la littérature remise en cause au lycée (le "nouveau public" a bon dos)

"La massification a également bouleversé le système éducatif. Deux grandes vagues de massification ont bouleversé le système : le collège unique, et le développement considérable des lycées. Conséquences : on a favorisé l'hétérogénéité des classes en raison d'une volonté politique de ne pas reconstituer de filières. La progression a changé : au collège on travaillait l'expression, au lycée la littérature. Mais on est obligé de prendre en compte le nouveau public de Seconde : cette progression est remise en cause."

Alain Boissinot, au séminaire national du Ministère de l'EN, octobre 2000.


A propos d'un néologisme : déscolariser (1) (proposé par J.Baptiste)

Le mot est attesté chez de nombreux auteurs...

Catherine Weinland, membre du GTD de Lettres, par exemple : "L'idéal, pour le collège, est à chercher du côté des pratiques sociales de l'écrit. De plus, et parce qu'un idéal n'est pas toujours possible à atteindre, nous avons attaché beaucoup d'importance à ce que l'élève de collège n'écrive plus dans le vide. Écrire dans le vide, c'est écrire une rédaction, pour un professeur." On remerciera Mme Weinland pour le professeur… Et d'ajouter : "Nous pensons que tout écrit est destiné à un lecteur. Cette dimension-là doit être maintenue, y compris dans le domaine scolaire. Il s'agit donc de déscolariser l'écriture."

Catherine Weinland, " La refondation de la discipline du collège au lycée ", Eléments de document d'accompagnement du programme de seconde, octobre 1999, page 4.


A propos d'un néologisme : déscolariser (2) (proposé par Agnès)

Dans la bouche de M. Marc Baconnet, Doyen de l'Inspection Générale des Lettres, cela donne : "Question, qui tourne toujours autour de la même chose : nous constatons le poids énorme de l'école dans l'étude des textes littéraires. Comment faire en sorte qu'on puisse tout de même un peu déscolariser l'enseignement du français ? Qu'il n'y ait pas les lectures de l'école, les lectures faites en classe, et puis ce qu'on lit par ailleurs à la maison. Méfions-nous, c'est parfois la meilleure façon de tuer nos grands écrivains. Trop d'école peut leur nuire, trop de commentaires scolaires peuvent leur nuire."

Ecole des Lettres 1999-2000 n° 7, p. 13.

Ou : de la nocivité (pardon ! dangerosité ; il faut déscolariser le langage) des professeurs de français, par leur propre Doyen.


Haro sur les profs (proposé par J.Baptiste)

"La vraie révolution, c´est Internet. Les outils de communication et d´information qui se développent aujourd´hui sont devenus indispensables à l´école et à l´enseignement. Pour autant, il ne peut pas s´agir uniquement de mettre des ordinateurs dans une classe en gardant les seules approches des méthodes pédagogiques classiques. Celles-ci considèrent en effet la classe comme une somme d´élèves qu´il faut éduquer individuellement et pour lesquels communiquer en classe constitue, dans bien des cas encore aujourd´hui, une faute punissable. A l´époque d´Internet, un tel modèle sera rapidement anachronique."

Guy Pouzard, inspecteur général de l´éducation nationale, in Le Monde du 31 octobre 2000.


Les matières sont mortes, vivent les projets ! (proposé par J.Baptiste)

"La succession des cours traditionnels, donnés par des professeurs n´enseignant qu´une seule matière, serait remplacée par une organisation de l´emploi du temps bâtie à partir d´une série de projets. Chacun de ces projets mobiliserait une équipe pédagogique restreinte ou élargie, suivant les cas, associée à un ou plusieurs groupes d´élèves. En début d´année, une évaluation permettrait de définir l´ensemble des projets éducatifs de l´établissement dont les sujets seraient plutôt orientés vers les sciences pour certains élèves, plutôt vers les lettres pour d´autres, etc."

Guy Pouzard, inspecteur général de l´éducation nationale, in Le Monde du 31 octobre 2000.



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