Deux tiers des élèves de seconde ont eu zéro à cette dictée
Le Parisien, 29/01/2009 Franchement mauvais en orthographe. pitoyables en grammaire. Les élèves de seconde ne maîtrisent décidément plus grand-chose en français. C'est ce que révèle le test réalisé par les professeurs du collectif Sauvez les lettres, qui en ont livré les résultats hier. Militants d'un retour à un enseignement plus poussé et plus clas-sique du français, ces enseignants ont soumis 1348 de leurs lycéens de seconde, peu après la dernière ren-trée, en septembre 2008, à l'exercice de la dictée-questions (texte ci-contre). « Douze lignes, des phrases et des mots simples », souligne Fanny Capel, professeur à Lagny (Seine-et-Marne), qui a participé à l'exercice. Pas de subjonctif, pas même l'ombre d'un accord, parfois difficile même pour les adultes, du participe passé avec le verbe avoir. Pour être crédible, le test a été soumis à des élèves « mélangés » : en banlieue. en centre-ville, en province. L'exercice a été pioché dans les épreuves du brevet des collèges de 1976. La date n'a pas été choisie au hasard : elle correspond, explique le collectif, à l'année où le nombre d'heures de français (2 800 heures de la sixième à la troisième) a commencé à réduire au collège. Depuis, selon ces militants. les élèves ont perdu 800 heures de français sur leurs quatre années de collège. Les notes glanées par les lycéens de 2008 au terme de l'exercice, selon le même barème que leurs « ancêtres » de 1976 (un point en moins pour une faute sur un mot deux points pour une faute de grammaire), donnent en tout cas le cafard. Près de deux tiers des élèves ont eu zéro. A peine 14 % s'en tirent avec la moyenne. Près d'un élève sur deux aligne plus de quinze fautes, et près d'un sur trois, plus de vingt. En tête : les fautes d'accord et de conjugaison. « Ce qui est grave », juge la prof de lettres : « Plus que la seule orthographe. les élèves ne maîtrisent pas le fonctionnement logique de la langue. » huit ans après son entrée au cours préparatoire, un lycéen de seconde sur deux ne reconnaît ainsi toujours pas le complément d'objet direct... Le même texte avait déjà été dicté en seconde, dans les mêmes conditions en 2000 puis en 2004 en quatre ans. le nombre de copies notées zéro avait augmenté de plus de 28 %. « Cette fois, s'interroge le collectif, la baisse de niveau est moins spectaculaire, mais peut-on encore descendre plus bas ? » CLAUDINE PROUST