EDUCATION. Le niveau en orthographe des petits Français ne progresse pas.
Loin de là. Une étude rendue publique hier montre
qu'en seconde la moitié des élèves ont 0 à une dictée... de troisième !

Les élèves sont-ils vraiment si mauvais en orthographe ? A en croire une étude, révélée hier, oui sans aucun doute. En septembre dernier, des enseignants, à l'initiative du collectif Sauver les lettres - créé en 2000 en réaction au ministre de l'Education de l'époque Claude Allègre et qui regroupe aujourd'hui quelque 500 adhérents, principalement des professeurs de français -, ont testé 2 300 lycéens de seconde scolarisés dans environ 80 établissements (à Paris, en banlieue, en province...).

L'exercice : une simple dictée jugée " pas trop difficile " (voir l'encadré) mais déjà proposée à l'épreuve du brevet des collèges en 1988. Bilan : plus de la moitié (56 % exactement) des lycéens ont eu carrément 0, soit environ une quinzaine de fautes pour un texte de dix lignes. Seuls 18 % ont obtenu la moyenne, dont 6 d'excellentes notes (de 15 à 20/20).

" Nous pressentions que ce serait encore plus catastrophique, analyse Gaëtan Cotard. Les méthodes de lecture globale ont fait des ravages. Mais, maintenant, comme la grammaire et la conjugaison sont de plus en plus délaissées, l'orthographe s'en ressent encore plus. " " Maîtriser la langue ne se réduit pas au simple fait d'être bon en dictée, j'ai d'excellents élèves qui font de nombreuses erreurs d’inattention tempère Marylène Cahouet, prof de français et membre du SNES, syndicat majoritaire dans le secondaire. Mais, être mauvais en orthographe est discriminant, des fautes peuvent pénaliser une copie dans n'importe quelle matière. "

François Filon ne s'y est d'ailleurs pas trompé. Dans sa nouvelle loi sur l'école, dont les premières discussions débuteront en commission le 8 février à l Assemblée, le retour aux fondamentaux, notamment la lecture, est prôné. Le ministre de l'Education a également envoyé à cette rentrée la première circulaire dans tous les collèges " pour convaincre les enseignants de redonner une place plus importante aux exercices personnels en français ".

" Concrètement, cela veut dire beaucoup plus de dictées, plus de récitations, plus de rédactions et de devoirs de grammaire ", expliquait alors l'hôte de la rue de Grenelle. Pour Sauver les lettres, dont le site Intemet* reçoit en ce moment environ 1 500 visites par jour, c'est une bonne décision mais qui ne va pas assez loin… Le collectif espère surtout que les heures de français soient augmentées. " Ces horaires ont été effectivement diminués depuis quelques années, sans compter les heures de soutien en petits groupes, souligne aussi Marylène Cahouet. Alors, c'est sûr, au collège et au lycée, on a du mal à rattraper les élèves qui ont des lacunes en orthographe. "

LAURENCE LE FUR

* www.sauv.net

[Photographie d’élèves en train d’écrire, légendée : " Être mauvais en orthographe est discriminant, des fautes peuvent pénaliser une copie dans n'importe quelle matière", souligne Marylène Cahouet, professeur de français.}

[Encadré
Testez-vous avec cette dictée
Pour évaluer le niveau en orthographe, 2 300 lycéens ont fait une dictée, un texte d'Alphonse Daudet tiré des " Contes du lundi ". De l'avis de professeurs de français, elle est d'un niveau moyen, sans énorme difficulté (comme l'emploi du subjonctif ou les accords de participes passés). En voici le texte intégral, un exercice qui avait déjà été donné aux élèves de 3e en 1988 lors de l'épreuve de français du brevet des collèges.
Suit le texte de la dictée]