Audience au ministère du 1er décembre 2009
Les
Associations signataires de ce compte-rendu ont été
reçues mardi 1er
décembre de 9h30 à 11h au Ministère de
l’Education nationale, en même temps que M. Olivier
Soutet, directeur de l’UFR de Langue française de
Paris-Sorbonne, et Mme Joëlle Ducos, présidente de
l’Association des Médiévistes, par M. Bernard
Thomas, conseiller auprès du Ministre, et M. Erick Roser,
conseiller pour les affaires pédagogiques. Après
une introduction au cours de laquelles les conseillers ont expliqué
pourquoi ils avaient jugé utile d’inviter aussi Mme
Ducos et M. Soutet à participer à l’audience
accordée à SEL et étendue, sur proposition de
SEL, aux trois autres associations signataires, ont été
examinées successivement la réforme du Lycée, du
point de vue des langues anciennes et du français, puis la
question des concours de recrutement. En
ce qui concerne les langues anciennes, les conseillers nous ont
confirmé que le latin et le grec feraient partie de la liste
des « enseignements d’exploration »
possibles et que, même comme tels, leur horaire serait de trois
heures ; ils ont en outre précisé, à notre
demande, que les élèves auraient systématiquement
la possibilité, dès lors qu’il est enseigné
dans son établissement, de choisir le latin ou le grec soit
comme « enseignement d’exploration » soit
comme « option facultative ». M. Roser a par
ailleurs estimé que l’horaire dévolu à
d’autres enseignements d’exploration (1h30) réduirait
la concurrence dont souffraient les langues anciennes, tandis que M.
Thomas soulignait la nécessité pour les professeurs de
lettres classiques d’aller dans les collèges convaincre
les élèves de troisième de conserver l’option
au lycée. En ce qui concerne la première et la
terminale, il nous a été confirmé que les élèves
de toutes les séries générales continueraient à
pouvoir suivre nos enseignements et que les modalités d’examen
au baccalauréat seraient inchangées. Nous avons demandé
que les recteurs veillent à la clarté de l'information
transmise aux élèves ainsi qu'à la simplicité
des inscriptions en option facultative que le logiciel Affelnet ne
prend pas en compte actuellement. Enfin, les recteurs seront mis en
garde contre la tendance qui consiste à priver les professeurs
de lettres classiques d’heures de français : Paul
Demont avait en effet rappelé en introduction notre
attachement commun à l’enseignement conjoint du grec, du
latin et du français. Si la situation générale
reste donc stable pour les langues anciennes, ce dont nous nous
félicitons, la multiplication des choix possibles et le
développement de l’autonomie des établissements
vont rendre plus nécessaire encore la mobilisation des
enseignants. S’agissant
du français, les conseillers nient toute réduction
horaire, en dépit du passage des enseignements obligatoires de
30h30 à 26h30 + 2h d’« accompagnement personnalisé
» en seconde, ce qui se traduit par une réduction en
français de 5h30 élève à 4h. Le
raisonnement est le suivant : aujourd’hui, la dotation par
classe de seconde est de 39h (30h30 + 8h30 correspondant à
6h30 dédoublées + 2h d’aide individualisée
en français et en maths), demain elle sera toujours de 39h
(26h30 + 2h + 10h30 de dotation globale laissée à la
libre disposition des établissements).
Et le conseil pédagogique peut très bien décider
que l’accompagnement sera pour partie du français, de
même pour les heures en effectif réduit. Nous pouvons
toujours objecter qu’il est étonnant de réduire
ainsi l’horaire alors que le supérieur organise du
rattrapage en français, ou que cette grille pourra entraîner
une surcharge de travail du fait de l’ajout d’une classe
supplémentaire dans l’emploi du temps, ou que le volume
de 10h30 peut être « modulé » par le recteur
selon le projet d’arrêté, il nous est répondu
que la sagesse locale vaut bien la sagesse ministérielle et
que donc le conseil pédagogique comme le conseil
d’administration seront certainement convaincus de notre bon
sens. Pour la première L, le partage de l’horaire en 4 +
2 h de littérature ne doit pas nous faire craindre une
réduction du tronc commun à un enseignement de
communication. Les programmes seront probablement modifiés en
2011. Et les conseillers d’assurer qu’il s’agit
bien de revaloriser la filière L lorsque nous protestons face
à réduction de l’enseignement de la littérature
en Terminale de 4 à 2h… Pour
les concours de recrutement, les conseillers précisent que les
décrets de juillet sur le statut des professeurs certifiés
et agrégés, même s’ils ne sont pas
immuables, ont vocation à être appliqués, ce qui
implique la possession d’un M2 pour l’inscription au
concours de l’agrégation. En réponse à une
question concernant les modalités transitoires, ils indiquent
qu’ils sont sensibles au risque d’une situation
inéquitable pour les actuels étudiants de M1 candidats
au CAPES, qui, s’ils sont reçus, ne pourront pas
se présenter au concours de l’agrégation. Il
convient, propose Paul Demont, que certains puissent bénéficier
d’un report de stage de deux ans, afin de pouvoir présenter
un M2 puis se préparer à l’agrégation. La
discussion s’engage principalement sur l’écrit du
nouveau concours des PE et des PLC. Les conseillers déclarent
qu’aucune décision n’est prise de façon
absolue sur le nombre des épreuves, mais que l’on
s’oriente vers une règle générale, deux
épreuves disciplinaires à l’écrit et deux
épreuves à l’oral, plus professionnelles, dont
une leçon. Il ne s’agirait pas d’une mesure
d’économie (ce seraient des « bouts de
chandelle »), mais d’une marque de confiance à
l’égard des universités, chargées de
l’évaluation des connaissances qui n’entreraient
pas dans le concours. Les universitaires présents estiment,
eux, qu’un nombre d’épreuves permettant une
évaluation sérieuse des disciplines à enseigner
(trois épreuves à l’écrit) ne serait
interprété par aucun universitaire comme une marque de
défiance à leur égard, et que ce serait le seul
moyen de maintenir à la fois le niveau du corps enseignant et
l’enseignement universitaire de certaines disciplines. Le
Master II, d’autre part, doit conserver un rôle
d’initiation à la recherche, et ne peut donc se
substituer aux épreuves de vérification des
connaissances nécessaires pour enseigner. La discussion
conduit sur ce point à un constat de désaccord. Les
conseillers suggèrent que l’une des deux épreuves
d’écrit pourrait être sinon dédoublée,
du moins ouverte à des perspectives différentes.
Association
des Professeurs de Lettres (Romain Vignest)
Coordination
nationale des associations régionales d’enseignants de
langues anciennes (Sylvie Pedroarena)
Sauvegarde
des enseignements littéraires (Paul Demont)
Sauver
les Lettres (Michel Buttet)