Autorité à l'école. Encore un débat interdit
Quand un film et une émission grand public traduisent, par leur succès, un phénomène de société, on peut attendre de la presse qu'elle s'interroge sur les causes de l'engouement. Les Choristes et " Le pensionnat de Chavagnes " posent malgré eux une question simple: sur quelle forme d'autorité doit s'appuyer l'école d'aujourd'hui pour remplir son rôle? Loin de toute interrogation, le Monde a tranché: il n'y a pas de débat. En titrant " De Fillon à M6, la nostalgie d'un ordre scolaire disparu ", le journal du soir évacue toute possibilité de discuter du fond. Les mots " ordre " et " nostalgie ", grandes spécialités du vocabulaire plénelien, sont sans équivoque: qui ne pense pas comme il faut est un ignoble réactionnaire aux relents vichystes. L'insensé qui critique l'école telle qu'elle va ne saurait être qu'un nostalgique pressé de revenir aux années 50, aux blouses grises, aux bonnets d'âne et aux coups de règle, comme aux heures les plus noires. Les limites des méthodes d'apprentissage de la lecture, les dégâts du pédagogisme appliqué de façon sectaire ou l'échec du collège unique n’effleurent visiblement pas le quotidien, tant il est vrai que la logique binaire du bien et du mal n'a que faire de 15 % d'enfants illettrés entrant en sixième. Natacha Polony