Communiqué de presse du 14 décembre 2005

Apprentissage de la lecture : " Ce qui compte, c’est l’efficacité de la pratique. " *

La méthode alphabétique enfin autorisée


Novembre 2005 : en annonçant une circulaire qui demande aux instituteurs d'abandonner définitivement la méthode globale d'apprentissage de la lecture, Gilles de Robien reconnaît que les recommandations des programmes de 2002 pour l'école primaire ne sont toujours pas appliquées ! Ces programmes affirment clairement que le choix des méthodes globales et idéo-visuelles " comporte plus d'inconvénients que d'avantages : il ne permet pas d'arriver rapidement à une reconnaissance orthographique directe des mots, trop longtemps appréhendés par leur signification dans le contexte qui est le leur plutôt que lus. " (B.O. HS n°1 du 14 février 2002 (http://www.education.gouv.fr/bo/2002/hs1/).

Certes, la méthode globale pure n'est appliquée par personne. Toutefois, la majorité des instituteurs pratiquent une méthode de compromis, à départ global (dite "méthode semi-globale"). C'est ce que montre le rapport élaboré en mai 2004 par le groupe de l'enseignement primaire de l'Inspection Générale, dans lequel on lit que " bien des maîtres n'ont pas réellement intégré l'approche recommandée par les programmes de 2002 " (enquête réalisée dans 17 académies entre novembre 2003 et janvier 2004, disponible sur le site de la Documentation française (http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/044000383/index.shtml).

Sauver les lettres dénonce les errements en matière de méthodes de lecture. Le dénigrement officiel de la méthode syllabique a fait des ravages pendant des années, ainsi que le manque de formation initiale des instituteurs. Rachel Boutonnet a montré dans son Journal d'une institutrice clandestine qu'à l'IUFM elle n'a passé en tout et pour tout que six heures à étudier comment on apprend à lire aux enfants.

Pour autant, l’interdiction de la méthode globale serait une erreur. Si quelques rares maîtres la pratiquent avec succès, pourquoi la leur interdire ? L’essentiel est aujourd’hui de laisser les instituteurs juger enfin par eux-mêmes des méthodes efficaces auprès de leurs élèves, et de faire cesser les pressions qu’ils subissent en la matière de la part de nombreux inspecteurs... que ce soit dans un sens ou dans l'autre !

Sauver les lettres rappelle que d'autres facteurs entraînent l'illettrisme et donc l'échec dès l’école primaire : la diminution des horaires hebdomadaires de français (http://www.sauv.net/horcomp.pdf), le remplacement de l’apprentissage méthodique et raisonné de la grammaire, de l’orthographe et de la conjugaison par une très superficielle " observation réfléchie de la langue ", le passage automatique en CE puis dans les classes suivantes même si l’élève ne sait pas lire.

Collectif Sauver les lettres

* Gilles de Robien à l’Assemblée Nationale, (questions au gouvernement), le 23 novembre 2005 : http://www.sauv.net/ctrc.php?id=744.