Communiqué de presse du 22 novembre 2004
Le collectif Sauver les lettres se félicite du projet de suppression des travaux personnels encadrés (T.P.E.) en classe de terminale, auxquels il s’est opposé dès leur création. Toutefois, il ne se satisfait pas d’une suppression et demande la réaffectation immédiate des heures qui étaient attribuées aux T.P.E. aux disciplines auxquelles elles avaient été retirées. En notant que " 95 % des T.P.E. " s’étaient reconvertis en " bachotage ", le ministre de l’Éducation nationale reconnaît leur refus par les élèves, demandeurs de savoirs disciplinaires et conscients de la supercherie intellectuelle à laquelle les T.P.E. donnent lieu. Il entérine également les propos du rapport d’emblée défavorable sur les T.P.E. rendu par l’Inspection générale en 2001. Présentés comme machine de guerre contre le prétendu ennui de l’enseignement disciplinaire, pompeusement censés représenter l’accès à l’interdisciplinarité et la recherche mais en réalité conçus pour améliorer à bon compte les résultats du baccalauréat général qui plafonnaient, ces dossiers de T.P.E. sont dans les faits souvent bâclés, copiés sans recul à partir de sites ou de documents accessibles sur l’internet que la plupart des élèves n’ont ni les moyens ni le temps de comprendre, critiquer et exploiter positivement. Ils sont ainsi l’expression d’une sous-disciplinarité et non d’une transdisciplinarité. Malgré cela, ils étaient dotés d’un coefficient 2 au baccalauréat, et notés très généreusement, parfois sous la pression directe d’inspecteurs. Difficilement imposés, ils continuent d’être considérés par la majorité des professeurs et beaucoup d’élèves comme une perte de temps, comme de l’animation plus que de l’enseignement, et comme l’instrument d’une discrimination sociale encore accrue, puisque l’aide familiale et l’équipement en outils de recherche sont inégaux, et que ces recherches personnelles ne peuvent représenter un approfondissement culturel et la satisfaction d’une curiosité intellectuelle que pour des élèves qui possèdent déjà une bonne maîtrise disciplinaire. Les T.P.E. sont seulement devenus une planche de salut fallacieuse pour certains élèves en difficulté, qui y ont vu un moyen commode de relever leur moyenne au baccalauréat, allant jusqu’à négliger pour cela des apprentissages fondamentaux qui auraient exigé un effort et un suivi d’une toute autre exigence, mais qui leur seraient bien plus utiles pour la poursuite de leurs études. Aussi, proposer la suppression des T.P.E. en terminale et au baccalauréat est une bonne mesure. Le collectif Sauver les lettres souhaite donc que cette suppression soit étendue à la classe de première ainsi qu’aux " itinéraires de découvertes " (I.D.D.) qui sont, au collège, le prélude aux T.P.E. Mais cet accord sur le fond n’exclut pas que le collectif Sauver les lettres s’alarme d’une suppression qui aurait pour finalité inavouée d’économiser des heures de cours dont les élèves ont besoin. Monsieur Fillon a proposé d’utiliser les heures libérées en terminale pour dédoubler les cours de langues. C’est une excellente initiative, car les langues avaient effectivement été les premières victimes de cette lubie pédagogiste. Mais le collectif Sauver les lettres attend la suppression totale des T.P.E. et des I.D.D. et le rédéploiement des heures au bénéfice des matières fondamentales qui ont subi une érosion horaire régulière, de réforme en réforme.