Quelques rédactions de l'évaluation 2005 en 6e.


Le texte suivant était donné aux élèves, suivi de quelques questions de compréhension, cf. cahier d'évaluation de 6e.


C’était un lundi soir, jour particulièrement chargé auquel nous avions coutume d’apporter une conclusion réconfortante, en nous arrêtant à la boulangerie. Alors que nous en franchissions le seuil, un chaton gris jaillit de dessous un présentoir de gâteaux et se jeta dans nos jambes. Son humeur joyeuse, sa délicieuse maladresse, sa façon de zigzaguer en crabe à travers la boutique, nous attendrirent. Accroupies sur le carreau, nos cartables dans nos jambes, nous passâmes un long moment à le caresser et à nous le disputer.
La boulangère, beaucoup moins sentimentale, nous déclara froidement que cette bestiole traînait devant chez elle depuis le matin, et qu’elle ne parvenait pas à s’en débarrasser. Les voisins et les clients interrogés n’avaient pas permis de l’identifier. Elle en avait conclu qu’il s’agissait d’un de ces chats errants comme il s’en trouve tant à notre époque sans coeur où les gens abandonnent leurs bêtes comme de « vieilles canettes de bière ». C’était là la comparaison poétique de la commerçante. Elle était sur le point d’appeler la fourrière.
Et comme nous protestions, indignées, elle ajouta :
- Que voulez-vous que je fasse de cette bête sans collier, ce n’est même pas un chat de race ?
Le chaton, en vérité, n’avait rien d’un spécimen d’exposition. Pourtant, nous étions unanimes pour le trouver adorable.
Appuyée sur son comptoir, la boulangère nous regardait mordre dans nos croissants. Elle finit par lancer, goguenarde :
- Eh bien, vous n’avez qu’à l’adopter puisque vous le trouvez si mignon !
Nous nous regardâmes, embarrassées. Dominique murmura :
- C’est que…
Et Marie enchaîna d’une voix plus ferme :
- On voudrait bien, mais les parents…
La boulangère sourit :
- Ecoutez, mesdemoiselles, je veux bien vous le garder jusqu’à demain ; demain, dernier délai, ensuite…
Le coeur serré, nous fîmes nos adieux au chaton, occupé à poursuivre une mouche engourdie. Une fois sur le trottoir, notre conciliabule s’éternisa. Cependant, aucune de nous ne se faisait d’illusion ; c’était une cause perdue d’avance.
- Déjà que mon petit frère dort dans la salle de séjour, soupira Hélène qui vivait avec sa mère dans un appartement minuscule.
- Mon père est allergique au poil de chat, déclara Marie, non sans mépris.
Pour moi, ce n’était même pas la peine d’y penser : sur la question des animaux domestiques, mes parents étaient intraitables, ils nous refusaient même un poisson rouge. Quant à Dominique, sa nombreuse famille abritait déjà un chien et un chat. On convint tout de même de tâter le terrain chacune de son côté et de faire le point le lendemain.
Le mardi matin nous trouva très abattues. A midi, d’un commun accord, on évita les abords de la boulangerie. Mais à deux heures, Dominique arriva en retard au lycée. Un air de triomphe relevait son petit nez pointu.
- Il faut que je vous parle, nous glissa-t-elle, tandis que le professeur de maths entamait son cours d’une voix monocorde, le regard absent derrière ses lunettes.

Extrait de Françoise GRARD. La Mansarde, Coll. Raisons d’enfance, Ed. Actes Sud Junior, n°5

L'exercice 31 proposait un travail d'écriture : "Dominique arrive en retard au lycée et dit à ses camarades : « Il faut que je vous parle… » Imagine les paroles que prononce l’enfant et qui expliquent son air de triomphe. Attention ! tu dois écrire à la première personne." Ci-dessous l'image de la première ligne de chaque rédaction, suivie de sa retranscription intégrale. Toutes les rédactions de chacune des classes sont retranscrites.


Description des classes :

N.B. Classe 2 : 6 copies vierges. Classe 3 : 8 copies vierges.

Cette page n'a bien sûr aucune prétention "scientifique". En espérant que ces classes soient des exceptions, nous voulons attirer l'attention sur les difficultés concrètes de nombreux élèves arrivant au collège.

Travail collectif

Lire sur le même sujet :
- Les surévaluations de CE2.
- Les petits secrets de Jade.

10/2005