Pour en finir avec l’ennui à l’école, il est bien étrange qu’aucun expert n’ait évoqué ouvertement la possibilité d’une collaboration étroite avec de vrais professionnels de l’entertainment.

Pourtant ces derniers ne manquent pas, depuis deux ou trois ans, de proposer leurs services : des brochures luxueuses et hautes en couleurs parviennent régulièrement dans les casiers des professeurs de collège et de lycée. " Apprendre autrement à Disneyland ", peut-on lire. Par où l’on voit que les marchands ont entendu et récupéré pour leur plus grand profit l’adverbe magique des scientologues de l’éducation…

La solution, donc, pourrait bien s’appeler " Département Education ". Presque aussi imposant qu’une véritable institution. Bon, Département Education… de Disneyland , diront les esprits chagrins. Mais où est le problème, on se le demande ? Et pourquoi résister à l’irrésistible ? Pour le " parcours Jules Verne ", vous contacterez sans délai le chef de produit du secteur lettres.

" De la maternelle au lycée ", lit-on ailleurs. Et pourquoi pas au delà ? On pense au mot de Beslusconi, euh non, Mussolini : "  Je prends l'homme au berceau et je ne le rends au pape qu'après sa mort. "

Que du bonheur, en somme. " Programme éducatif et ludique au service de votre pédagogie. " Ces gens-là, au rebours des maîtres mortifères, sauront instruire la jeunesse sans jamais cesser de la divertir.

S’il est un sort enviable pour nos élèves, martyrs d’une institution de la république qui se refuse à la réforme c'est à dire à l’auto-dissolution, c’est celui des enfants du tiers ou du quart-monde qui ont souvent la chance de ne pas être scolarisés. Ils sont merveilleusement épargnés par un fléau qui accable notre occident : l’ennui à l’école. Le petit garçon coréen qui fabrique des ballons de football douze heures par jour ou le petit africain qui doit confectionner mille briques dans la journée avec de la terre brûlante et de l'eau pour dix euros mensuels, du moins lui épargne-t-on l'ennui de l'école qui accable nos pauvres enfants à nous.

Ne devraient-ils pas se féliciter chaque jour d’échapper aux discours soporifiques d’un enseignement dépassé qui asservit les jeunes consciences ? Et dire que de belles âmes voudraient pour eux quelques livres et même des crayons ! Pourquoi pas dresser le mur terrible d’une école !

AD 01/03

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