Einstein viré de l’école
Education scientifique Les enfants se posent des questions sur le monde. A ces questions les hommes ont d’abord forgé des réponses dans des mythes, légendes et religions. La réussite de ces réponses spirituelles ne fut pas sans rapport avec la mise en place des pouvoirs politiques fondés sur le contrôle étroit des esprits et quelques croisades prédatrices. Au cours des siècles s’est organisée une autre approche de la connaissance, fondée sur l’analyse rationnelle et la possibilité d’un dialogue organisé par la reproduction d’expériences décisives. Ces expériences manipulent des objets réels pour interroger le monde et fondent l’assentiment, non sur la foi en un dogme, mais au contraire sur le doute, le test, l’économie d’hypothèses, la vérification, ou la réfutation par autrui. Lorsqu’ils y ont goûté, les enfants adorent ce dialogue sanctionné par la confrontation au réel. Les largués raccrochent à la langue, à l’écrit, reprennent confiance en eux en même temps qu’ils accrochent à la science. A cet égard, l’émergence de la science expérimentale apparaît, autant dans le développement de l’enfant que dans l’Histoire des hommes, comme une émancipation de l’intellect une liberté supplémentaire, un gain de civilisation. La science fait autant de vous un citoyen que l’éducation civique. Malheureusement, au moment même ou la réintroduction d’une vraie pratique des sciences expérimentales à l’école primaire portait ses fruits, la commission du débat national sur l’avenir de l’école n’a rendu la science " fondamentale et obligatoire " qu’à partir de la cinquième ! Les enseignements obligatoires sont divisés en socle commun ( " ce qui est fondamental et indispensable ") et hors socle commun (" fondamental mais non indispensable "). Indispensable à quoi ? Selon quels critères ? On va le découvrir…. Vous croyez que l’école de Raffarin va faire de vos gosses des citoyens éclairés ? Elle va tout juste leur permettre de bien se présenter à l’embauche. Ce qui est fondamental et indispensable en CP et CE1 sont les maths et le français. Du CE2 à la sixième, on pourrait s’attendre que les sciences fassent partie de ces matières centrales. Aucunement ! On y ajoute trois " compétences " nouvelles : l’anglais international, la maîtrise des nouvelles technologies de l’information et de la communication, ainsi " l’éducation à la vie en commun ". De quoi faire des gosses de futurs cyber-financiers ou, à défaut, de cyber-consommateurs à l’échelle planétaire ! Allez interroger le réel sur Internet !
Einstein viré de l’école
Le rapport Thélot sur l’école remis la semaine dernière à Raffarin exclut la science des matières indispensables.
Par Guillaume Lecointre