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Éditions Ramsay.
Mars 2004.
Qui a eu cette idée folle un jour de casser l'école Des lycéens de Terminale persuadés que Victor Hugo est un auteur du XVIe siècle, j'en ai croisé des milliers depuis que j'enseigne. Et pourtant, tous finissent par décrocher leur baccalauréat. Leurs parents pensent : « Il est dyslexique, il a eu de mauvais profs, il n'est pas motivé. . . » Et moi, je dois objecter que c'est l'institution elle-même qui orchestre pour les jeunes générations une insupportable privation de savoir. En prenant connaissance des nouveaux programmes du lycée, inaugurés à la rentrée 1999, je me suis rendue à l'évidence. On demandait désormais aux professeurs de français de susciter « le plaisir » des élèves, d'encourager l' « écriture en liberté ». Mais le programme d'œuvres littéraires disparaissait purement et simplement. Sur instructions de l'institution, l'école, devenue donc officiellement un « lieu de vie », a cessé d'être un lieu d'apprentissage. Au fil des réformes de ces quinze dernières années l'enseignement secondaire a ainsi été peu à peu vidé de son contenu. Au nom de la modernité, de la lutte contre l'ennui, de la massification du public scolaire. Cependant, loin d'aboutir à une démocratisation du savoir, le système est plus injuste que jamais. Les plus démunis restent les plus touchés par l'échec scolaire. En réponse à la Lettre à tous ceux qui aiment l'école du ministre Luc Ferry, ce livre présente un contre-diagnostic sur l'état de l'enseignement, et formule des propositions pour son avenir. Refuser la libéralisation du système éducatif, mettre fin au report indéfini des apprentissages, défendre une école régie par des programmes solides et cohérents, qui se donne les moyens de développer les capacités de tous les élèves. Renouer avec un idéal humaniste, auquel les gestionnaires de l'Éducation nationale ont renoncé depuis longtemps. L'auteur ose se faire la voix de milliers de professeurs anonymes qui voudraient résister aux absurdes directives venues d'en haut. Une voix qui mérite d'être entendue par tous les citoyens, pour qu'ils disposent enfin des vrais éléments d'information et qu'ils reprennent les rênes de leur école. Fanny Capel est une jeune professeur de vingt-neuf ans, agrégée de Lettres modernes. Elle fait partie du collectif Sauver les Lettres, créé en 2000, qui regroupe des professeurs de lettres de collège et de lycée, décidés à travailler pour la défense de la qualité des contenus de l'enseignement. |