Des bacheliers dopés à leur insu ?
Le Canard enchaîné du 2 janvier 2008 Belle cuvée, le bac 2007 : un taux de réussite de 83,3 %, soit 1,4 % de mieux que l'an dernier. Et, comme toujours, les nostalgiques d'une époque élitiste (en 1960, près de 90 % des élèves n'atteignaient pas la fac) récriminent contre un diplôme trop facile à décrocher. Dans l'académie de Versailles, qui s'en tient à un honorable taux de 80,9 % de réussite cette année (trois points de plus que l'année précédente), cette idée reçue exaspère le recteur Alain Boissinot. « Comme tous les ans, déclarait-il cet été au "Parisien", il y a eu des rumeurs disant que le ministre ou le rectorat donneraient des instructions de clémence
aux jurys. C'est complètement faux ! » Pas de chance. Sans doute à l'insu du recteur de Versailles, plusieurs inspecteurs ont adressé des consignes écrites aux correcteurs. « Le Canard » vient de s'en procurer une, datant de juin dernier et signée de deux spécialistes de langues. Ces « pistes d'harmonisation des modalités et critères d'évaluation » plaident, sans équivoque, pour une notation indulgente.
Destinée aux correcteurs des CAP, BEP et bacs pro, la note précise, par exemple, qu'« il s'agit de recourir à une notation positive » et de « prendre en compte les possibilités de réponse (...) qui s'avéreraient acceptables bien qu'elles ne figurent pas sur le corrigé proposé ». Le document conclut en proposant des « procédures de rattrapage ne permettant cependant pas d'attribuer la note 11) » pour les cas difficiles. Et suggère d'attribuer une « note minimum prédéfinie aux candidats manifestant de la bonne volonté ».
On se gardera d'en déduire que le bac, pro ou non, est bradé. Mais que sa notation bénéficie - parfois - de coups de pouce spontanés d'examinateurs « de bonne volonté »...