Le bac P

Le Canard enchaîné , 9 juin 2004.

Voilà une grande première dont Fillon et l’Education nationale peuvent être fiers ! En attendant l’agreg de belote ou de rami, une douzaine d’élèves de Marseille déclarés inaptes au sport ont pu passer début juin une épreuve de pétanque au baccalauréat. Et interdiction de se marrer, car ce n’est pas à la portée de tout le monde : il faut savoir pointer, tirer et même arbitrer ! Sans parler de " l’intérét pédagogique du calcul des trajectoires, du choix des tirs à la rasbaille, au fer ou à la raflette, et de la stratégie à élaborer pour remporter une partie ", a expliqué très sérieusement Henri Kempf, un conseiller technique du rectorat d’Aix-Marseille, au quotidien régional La Provence (2/6), lequel a pu constater sur le terrain, le jour même de l’épreuve, toute sa rigueur. Les candidats sont en effet soumis à " une grille d’évaluation très précise : de zéro si la boule tombe à plus d’un mètre du cochonnet à trois si le joueur prend le point ". Quant au jury , " pétanque ", il n’est pas là pour rigoler " Le cercle de tir, mademoiselle, ce n’est pas avec le doigt qu’on le trace mais avec une petite branche ! " Le bac, à Marseille, ça ne se décroche pas comme ça. Et il n’y a pas que des avantages à choisir l’option " pétanque " : il faut réviser " en famille ", car " peu d’établissements disposent de profs de boules, et lorsque c’est le cas l’évaluation est faite en contrôle continu ". Oh misère... " C’est que l’épreuve pèse coefficient 2 et elle compte même si on n’a pas la moyenne ", s’est lamenté un jeune candidat stressé. On le comprend: rater son bac à cause de la pétanque, il y aurait de quoi avoir les boules…