Brevet 2004, sujets
Regroupement 1 : académies d'Amiens, Créteil, Lille, Paris, Rouen, Versailles L'acteur Bruno Crémer évoque la première représentation publique de Beckett, une pièce de Jean Anouilh... Ce matin du 8 octobre 1959, depuis deux jours, j'avais trente ans et j'étais résolu à me battre et à m'affirmer. En arrivant dans les coulisses du théâtre, j'ai rencontré un Ivernel(1) aussi combatif que moi. Nous nous sommes embrassés, bien décidés à "mettre le paquet". Cette "générale", nous voulions l'enlever au tonus ! Nous pensions à toutes les personnalités qui se trouvaient dans la salle : Laurence Olivier, Maurice Chevalier, Jean Vilar, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud, et bien d'autres metteurs en scène ou acteurs célèbres, une salle terrifiante par laquelle nous étions bien décidés à ne pas nous laisser manger. Dans mon esprit, cette représentation était devenue une bataille, un combat pour la vie, j'en avais oublié mon trac mais aussi, hélas, ma concentration et, dans notre euphorie belliqueuse, Ivernel et moi avons gaillardement surjoué toute la première partie de la pièce. Mais à l'entracte, nous étions plutôt contents de nous, les applaudissements avaient été suffisamment nourris. Poux une "générale", nous avions senti le public bien disposé à notre égard. Anouilh débarqua sur scène avec son sourire sarcastique et furieux : "Qu'est-ce qui vous a pris ! Vous hurlez, c'est vraiment très mauvais, vous faites n'importe quoi. On va se faire massacrer ! Essayez tout de même de sauver la deuxième partie !" Puis il disparut, suivi de son inséparable Piétri(2). J'étais consterné, d'autant plus que j'attendais la visite promise de Chantal et Pierre(3) à l'entracte et que je ne voyais personne arriver, même pas un petit mot d'encouragement, ou une indication utile sur ma prestation. Rien. Heureusement, la deuxième partie, plus grave pour mon personnage, plus méditative et tragique, risquait moins de m'entraîner à surjouer. J'avais donc conscience de pouvoir me ressaisir, et échapper au massacre annoncé par l'auteur. Je m'appliquai à jouer sagement, sérieusement, laborieusement, humblement, sans le moindre plaisir. Et ce fut un triomphe ! 1) Daniel Ivernel - Autre acteur, qui joue avec Bruno Crémer. Bruno Crémer, Un certain jeune homme, 2000,
Livre de Poche, rééd. 2003, p. 283-284. QUESTIONS SUR LE TEXTE : 15 POINTS l - Le défi
Regroupement 2 : académies de Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Limoges, Nantes, Orléans-Tours, Poitiers, Rennes
Regroupement 3 : académies de Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz, Reims, Strasbourg
Regroupement 4 : académies d'Aix-Marseille, Corse, Montpellier, Nice, Toulouse
Le public criait : "Bravo", ce qui était exceptionnel à l'époque, et rappelait sans cesse sur scène les deux personnages principaux. Ce soir-là, le rôle, la pièce, le public, les critiques, les photographes, les astres, l'air du temps, la chance, firent de moi une vedette de théâtre.
2) Piétri - Metteur en scène de la pièce.
3) Chantal, épouse de Bruno Crémer ; Pierre, ami du couple.
1. A quel genre littéraire cet extrait appartient-il ? Justifiez votre réponse à l'aide du paratexte et des indices du texte. (1 point)
2. Pourquoi la salle est-elle terrifiante (l.7) pour les acteurs ? (1 point)
3. Dans quel état d'esprit Bruno Crémer aborde-t-il cette première représentation ? Quel est le champ lexical qui vous l'indique ? Citez quatre mots ou expressions appartenant à ce champ. (2 points)
4. En prenant appui sur vos réponses précédentes, dites comment se manifeste chez Bruno Crémer la volonté de faire de cette "générale" un succès. (1 point)
II - La déception (5 points)
1. Expliquez le sens du mot surjoué (l.11) après avoir donné sa formation. (l point)
2. Pour une "générale", nous avions senti le public bien disposé à notre égard Anouilh débarqua sur scène avec son sourire sarcastique et furieux. (l.13-15).
Quel rapport logique établissez-vous entre ces deux phrases ? Par quel connecteur pouvez-vous traduire ce rapport ? (1 point)
3. Anouilh débarqua sur scène avec son sourire sarcastique et furieux : "(...) vous faites n 'importe quoi. On va se faire massacrer ! Essayez tout de même de sauver la deuxième partie !" (l 14-17)
Mettez ce passage au discours indirect en commençant par " et hurla " et en opérant toutes les modifications nécessaires. Selon vous, pourquoi Bruno Crémer a-t-il choisi de rapporter au discours direct les propos de Jean Anouilh ? (2 points)
4. Dans les lignes 17 à 23, dites ce qui renforce le découragement soudain de Bruno Crémer. Quel terme indique qu'il n'a cependant pas perdu espoir ? (1 point)
III - Le triomphe (5 points)
1. Je m'appliquais à jouer sagement, sérieusement, laborieusement, humblement, sans le moindre plaisir. (l.24-25).
A quelle classe grammaticale (nature) ces termes en "-ment" appartiennent-ils ? Quel effet de style Bruno Crémer cherche-t-il à obtenir dans cette phrase ? (1 point)
2. Et ce fut un triomphe ! (l. 25).
Quels sentiments cette phrase traduit-elle ? Comment s'oppose-t-elle à la phrase qui précède ? (2 points)
3. A quoi et à qui Bruno Crémer attribue-t-il le succès de la pièce ? Finalement, qu'a-t-il appris sur son métier d'acteur lors de cette "générale" ? (2 points)
RÉÉCRITURE ET DICTÉE : 10 POINTS
Réécriture : 4 points
Ce matin du 8 octobre 1959, depuis deux jours, j'avais trente ans et j'étais résolu à me battre et à m'affirmer. En arrivant dans les coulisses du théâtre, j'ai rencontré un Ivernel aussi combatif que moi. Nous nous sommes embrassés, bien décidés à "mettre le paquet". (l.1-4).
Réécrivez ce texte en remplaçant "je" par "elle" et en effectuant les modifications nécessaires.
Attention : les fautes de copie seront sanctionnées.
Vous le voyez, le théâtre de notre petite troupe était assez bien machiné pour l'époque. Il est vrai que la peinture de la décoration eût semblé à des connaisseurs un peu enfantine et sauvage. Les tuiles des toits tiraient l'œil par la vivacité de leurs tons rouges, le feuillage des arbres plantés devant les maisons était du plus beau vert-de-gris, et les parties bleues du ciel étalaient un azur invraisemblable ; mais l'ensemble faisait suffisamment naître l'idée d'une place publique chez des spectateurs de bonne volonté.
Un rang de vingt-quatre chandelles soigneusement mouchées jetait une forte clarté sur cette honnête décoration peu habituée à pareille fête. Cet aspect magnifique fit courir une rumeur de satisfaction parmi l'auditoire.
RÉDACTION : 15 POINTS
Comme Bruno Crémer, vous avez dû donner le meilleur de vous-même, au cours d'une activité sportive, scolaire ou culturelle par exemple.
Vous écrivez à un(e) ami(e) pour lui raconter cette expérience. Vous lui dites quel a été votre comportement pour atteindre votre objectif, que vous ayez réussi ou non. Vous lui donnez ensuite votre point de vue argumenté : pour affronter une épreuve, doit-on se fier uniquement à son instinct ou écouter les conseils des autres ?
LE PORTE-MONNAIE
Fiche technique
En cuir, le plus souvent brun
parisien, parfois un peu plus clair, ou noir.
Deux hémisphères de
taille légèrement différente, rabattus et encastrés, rigides. Une petite
languette de même matière, permettant de l'ouvrir. Conçu pour accueillir
la monnaie, il possède cependant une minuscule poche pour le - les
billets. Il apparaît à la fin des années 50, et connaît aussitôt un vif
succès.
Une fortune sous les yeux
Avant, il y avait le très viril portefeuille, tiré de la poche revolver
ou de la poche poitrine, ou le très féminin porte-monnaie pour faire les
courses, avec la fermeture métallique "ailes de papillon". Le
porte-monnaie rabattable est une révolution unisexe. Il s'impose grâce à
sa commodité, mais surtout parce qu'il incarne les temps modernes, une
société où les tâches sont un tout petit peu moins distinctes. Conçu pour
séduire à la fois l'homme et la femme, il sera souvent offert aux enfants.
Sa matière estimable - un box plus ou moins lisse, parfois délicieusement
moucheté de trous pointes d'aiguille - en fait un
cadeau - communion possible, pour les moins proches
cependant.
Ce qui compte, c'est le geste pour l'ouvrir, et surtout les
quelques secondes qui suivent. Les pièces quittent leur habitacle
d'origine pour venir se glisser dans la demi-lune inférieure. Elles se
chevauchent vaguement, quand il y en a beaucoup. La main s'écarte du corps
pour contempler avec le recueillement nécessaire une fortune allègre,
presque débonnaire. On ne devient pas pour autant Picsou plongeant dans
son coffre-fort. Il s'agit plutôt d'estimer les possibilités offertes, et
leur rapport avec l'objet convoité - baguette, journal, ticket de
manège.
Quelque chose en tout cas qu'on est censé pouvoir acheter avec
de la monnaie. Parfois, pourtant, on a surestimé le pouvoir des pièces.
Alors, il faut introduire l'index et le majeur dans la petite poche plate
réservée aux billets. L'opération est moins jubilatoire. Pour raison
d'avarice, évidemment, mais pas seulement. La volupté du porte-monnaie
rabattable est une affaire de pièces, de toucher, de bruit, d'humilité
aussi. C'est un objet pour vivre la vraie vie, celle qui n'exagère pas -
un passeport pour les possibles.
Philippe Delerm, Petite brocante intime, éd. "Le pré aux clercs", 1999. Illustration de Jacques Ferrandez
QUESTIONS SUR LE TEXTE : 15 POINTS
I - Un objet de catalogue étonnant (6 points)
1. Ce document forme un ensemble complet. Nommez-en les différentes
parties.
A quoi peut-on les repérer ? (1,5 point)
2. A quel type de discours s'apparente une fiche technique
?
Relevez-en deux indices que vous nommerez. (1,5 point)
3. Expliquez la formation du mot "hémisphère", donnez son sens dans le texte en vous aidant de l'illustration, et relevez un synonyme dans la suite du texte. (1,5 point)
4. Quelle forme dérivée de "rabattu" est utilisée par deux fois dans la suite du texte ? Quel est le sens du suffixe ? Citez deux avantages que l'auteur attribue à ce détail. (1,5 point)
II - L'histoire d'un objet révolutionnaire (4 points)
1. Relevez les indices temporels qui rythment l'histoire du porte-monnaie telle qu'elle est donnée par le texte. (1 point)
2. Relevez les deux compléments circonstanciels de cause qui justifient le succès du porte-monnaie et précisez leur nature, depuis le début du texte (titre compris) jusqu'à la fin du premier paragraphe. (1 point)
3. Le traitement de l'histoire
a) Quel est le degré des adjectifs
"viril" et "féminin" dans le texte ? (0,5 point)
b) "Il incarne
les temps modernes". Donnez un synonyme du verbe "
incarne".
En quoi l'usage de ce verbe est-il
inattendu ? (1 point)
Qualifiez le ton du texte.
(0,5 point)
III - Les pouvoirs de l'objet (5 points)
1. "Ce qui compte, c'est le geste pour l'ouvrir..." Nommez cette forme de phrase et justifiez son emploi en début de paragraphe. (1 point)
2. Quels sont la nature et le sens du mot "pourtant" ? Quel événement introduit-il dans le texte ? (1,5 point)
3. Quels sont les sentiments divers que le propriétaire du porte-monnaie éprouve lorsqu'il s'en sert ? (1 point)
4. Au terme de cette étude, quels sont les arguments en faveur du porte-monnaie évoqué que vous paraît contenir le titre : "Une fortune sous les yeux" ? (1,5 point)
Réécriture : 4 points
Recopiez le texte de : "Le porte-monnaie rabattable est une révolution unisexe" à "[...] enfants." en mettant le sujet au pluriel et en pratiquant les accords qui s'imposent.
Dictée : 6 pointsC'est une opération qui se fait en demi-cachette, juste avant le départ des
grands-parents, dans un coin de la salle à manger, avec des gestes nerveux,
précipités :
- Tiens, tu t'achèteras quelque chose...
Et ils vous fourrent
dans la poche une enveloppe. On les embrasse, et si on est gêné, c'est surtout
parce qu'on a l'impression de jouer un rôle déjà écrit. Les parents reviennent
avec un air de joie ennuyée. Ils font semblant de se fâcher contre les
grands-parents - c'est ça, leur rôle.
Mais ce qui est très bien, c'est de se
retrouver le mercredi matin suivant à l'hypermarché avec un billet de cent
francs dans la poche.
On se sent tout léger, et pour un peu on ferait de
grandes glissades au milieu des allées. Une heure entière à dépenser !
RÉDACTION : 15 POINTS
Comme Philippe Delerm, vous rédigez l'histoire d'un objet pris à la vie quotidienne, après en avoir établi une brève fiche technique.
Consignes :
Vous donnerez un titre à votre texte.
Il sera rédigé au même temps
que le texte de Philippe Delerm.
Vous respecterez les différents types
de discours qui s'enchaînent dans le texte de Philippe Delerm.
Votre
texte présentera une mise en page pertinente.
Aucune exactitude
technologique n'est attendue de la fiche technique.
Votre devoir ne
comportera aucun dessin.
Vous respecterez la correction de la
langue : grammaire, vocabulaire et orthographe.
Académies de Besançon, Dijon, Grenoble, Lyon, Nancy-Metz, Reims, Strasbourg
Ce matin-là, l'aire du Muguet avait des couleurs si riantes sous le jeune soleil que l'autoroute pouvait paraître en comparaison un enfer de bruit et de béton. Gaston avait entrepris de faire le ménage dans la cabine et avait déployé toute une panoplie de chiffons, plumeaux, balayettes et produits d'entretien sous l'œil ironique de Pierre qui était sorti pour se dégourdir les jambes.
- J'ai calculé que cette cabine, c'est l'endroit où je passe le plus d'heures de ma vie. Alors autant que ça soit propre, expliqua-t-il comme se parlant à lui-même.
Pierre s'éloigna, attiré par l'atmosphère de fraîcheur vivante du petit bois. Plus il s'avançait sous les arbres bourgeonnants, plus le grondement de la circulation s'affaiblissait II se sentait envahi par une émotion étrange, inconnue, un attendrissement de tout son être qu'il n'avait jamais éprouvé, si ce n'était peut-être il y avait bien des années en s'approchant pour la première fois du berceau de sa petite sœur. Le feuillage tendre bruissait de chants d'oiseaux et de vols d'insectes. Il respira à pleins poumons, comme s'il se retrouvait enfin à l'air libre après un long tunnel asphyxiant
Soudain, il s'arrête. A quelque distance, il aperçoit un tableau charmant. Une jeune fille blonde en robe rose assise dans l'herbe. Elle ne le voit pas. Elle n'a d'yeux que pour trois ou quatre vaches qui divaguent paisiblement dans le pré. Pierre éprouve le besoin de la voir mieux, de lui parler. Il avance encore. Tout à coup il est arrêté. Une clôture se dresse devant son nez. Un grillage rébarbatif, carcéral, presque concentrationnaire avec son sommet arrondi en encorbellement hérissé de fils d'acier barbelés. Pierre appartient à l'autoroute. Une aire de repos n'est pas un lieu d'évasion. La rumeur lointaine de la circulation se rappelle à lui. Il reste pourtant comme médusé, les doigts accrochés dans le grillage, les yeux fixés sur la tache blonde là-bas, au pied du vieux mûrier. Enfin un signal bien connu lui parvient, l'avertisseur du véhicule. Gaston s'impatiente. Il faut revenir. Pierre s'arrache à sa contemplation et revient à la réalité, au semi-remorque, à l'autoroute.
C'est Gaston qui conduit. Il est encore tout à son ménage à fond, Gaston.
- C'est quand même plus propre maintenant, constate-t-il avec satisfaction.
Pierre ne dit rien. Pierre n'est pas là. Il est resté accroché au grillage qui limite l'aire du Muguet. Il est heureux. Il sourit aux anges qui planent invisibles et présents dans le ciel pur.
- T'es bien silencieux d'un coup. Tu dis rien ? finit par s'étonner Gaston.
- Moi ? Non. Qu'est-ce que tu veux que je dise ?
- Je sais pas moi.
Pierre se secoue, tente de reprendre pied dans le réel.
- Eh bien voilà, finit-il par soupirer, c'est le printemps !
Michel Toumier, "L'aire du Muguet", in Le Coq de bruyère, Gallimard, 1978.
QUESTIONS SUR LE TEXTE : 15 POINTS
I - Le cadre et les personnages (6 points)
1.
a) Où la scène se déroule-t-elle ? (0,5 point)
b) Trouvez deux homonymes du mot "aire", et employez chacun d'eux dans une phrase qui en éclairera le sens. (1 point)
2. lignes 1 à 14:
a) Relevez les deux comparaisons. Quelle image donnent-elles de l'autoroute ? (1,5 point)
b) Montrez, en relevant des éléments descriptifs, que l'aire du Muguet contraste avec l'autoroute. (1 point)
3.
a) Quel est le point de vue dominant adopté dans le texte ? Justifiez votre réponse. (1 point)
b) En vous appuyant sur les lignes 2 à 7 et 10 à 14, montrez que les deux hommes ont des personnalités très différentes. (1 point)
II - La rencontre impossible (5,5 points)
4. " Soudain, il s'arrête. " (l. 15)
a) Quelle est la valeur de ce présent ? (0,5 point)
b) Justifiez son emploi à ce moment du récit. (1 point)
5. "Une jeune fille blonde en robe rose assise dans l'herbe." (l. 15)
a) Quelle est la particularité grammaticale de cette phrase ? (0,5 point)
b) Comment peut-on justifier ici l'emploi d'une telle phrase ? (Vous pourrez vous appuyer sur la phrase précédente.) (1 point)
6. "Elle ne le voit pas. Elle n'a d'yeux que pour trois ou quatre vaches qui divaguent paisiblement dans le pré." (l.16)
a) Transformez ces deux phrases en une seule, en utilisant une conjonction de coordination ou une conjonction de subordination. (0,5 point)
b) Quel rapport logique avez-vous exprimé ? (0,5 point)
7.
a) Quel élément du décor empêche toute communication entre Pierre et la jeune fille ? (0,5 point)
b) Dans les lignes 19 à 21, relevez le champ lexical dominant. A quoi l'aire du Muguet ressemble-t-elle finalement ? (1 point)
III - Le difficile retour à la réalité (3,5 points)
8. Qu'est-ce qui rompt la magie de cette rencontre ? (0,5 point)
9. A la fin du texte, qu'est-ce qui, dans l'attitude de Pierre, montre qu'il a du mal à "reprendre pied dans le réel" ? (1 point)
10. Relevez et décrivez deux particularités caractéristiques de l'oral dans le dialogue final. (2 points)
Réécriture : 4 points
"Pierre ne dit rien. Pierre n'est pas là. Il est resté accroché au grillage qui limite l'aire du Muguet. Il est heureux. Il sourit aux anges qui planent invisibles et présents dans le ciel pur."
Réécrivez ce passage en remplaçant "Pierre" par "Ils", et en mettant les verbes à l'imparfait.
Dictée : 6 points- Quand j'étais gosse, j'aimais aller à la ville pour regarder les vitrines. Surtout bien sûr la veille de Noël. Tout ce qu'il y avait dans les vitrines, c'était bien arrangé sur du velours avec des guirlandes et des branchettes de sapin. Et puis la vitre, ça interdit, ça empêche de toucher. Quand on entrait dans le magasin et quand on se faisait montrer quelque chose qu'on sortait de la vitrine, tout de suite, c'était moins bien. Ça avait perdu son charme, si tu vois ce que je veux dire. Alors ici avec le pare-brise, eh bien le paysage, il est comme en vitrine. Bien arrangé et impossible à toucher. C'est peut-être pour ça qu'il est plus beau.
- En somme, conclut Gaston, si je comprends bien, l'autoroute, c'est des belles choses, mais pour les yeux seulement. Pas la peine de s'arrêter et de tendre la main.
RÉDACTION : 15 POINTS
"T'es bien silencieux d'un coup. Tu dis rien ? finit par s'étonner Gaston"Académies de Bordeaux, Caen, Clermont-Ferrand, Limoges, Nantes, Orléans-Tours, Poitiers, Rennes
Pendant la Révolution culturelle chinoise (1966-1976), le narrateur, un jeune étudiant de 17 ans, est envoyé à la campagne dans un village pour être rééduqué par le travail. Toutes les distractions sont interdites. Un jour, il peut se procurer illégalement et secrètement un roman de Balzac traduit en chinois, Ursule Mirouët ; mais il faut maintenant rendre le livre.
Soudain, je sus ce que je voulais faire.
Je décidai de copier mot à mot mes passages préférés d'Ursule Mirouët. C'était la première fois de ma vie que j'avais envie de recopier un livre. Je cherchai du papier partout dans la chambre, mais ne pus trouver que quelques feuilles de papier à lettres, destinées à écrire à nos parents.
Je choisis alors de copier le texte directement sur la peau de mouton de ma veste. Celle-ci, que les villageois m'avaient offerte lors de mon arrivée, présentait un pêle-mêle de poils de mouton, tantôt longs, tantôt courts, à l'extérieur, et une peau nue à l'intérieur. Je passai un long moment à choisir le texte, à cause de la superficie limitée de ma veste, dont la peau, par endroits, était abîmée, crevassée. Je recopiai le chapitre où Ursule voyage en somnambule. J'aurais voulu être comme elle : pouvoir, endormi sur mon lit, voir ce que ma mère faisait dans notre appartement, à cinq cents kilomètres de distance, assister au dîner de mes parents, observer leurs attitudes, les détails de leur repas, la couleur de leurs assiettes, sentir l'odeur de leurs plats, les entendre converser...Mieux encore, comme Ursule, j'aurais vu, en rêvant, des endroits où je n'avais jamais mis les pieds...
Ecrire au stylo sur la peau d'un vieux mouton des montagnes n'était pas facile : elle était mate, rugueuse et, pour copier le plus de texte possible dessus, il fallait adopter une écriture minimaliste, ce qui exigeait une concentration hors normes. Lorsque je finis de barbouiller de texte toute la surface de la peau, jusqu'aux manches, j'avais si mal aux doigts qu'on aurait dit qu'ils étaient cassés. Enfin, je m'endormis.
Dai Sijie, Balzac et la petite tailleuse chinoise, Gallimard (2000)
QUESTIONS SUR LE TEXTE : 15 POINTS
I - Une vie quotidienne pénible
1. Quel est le point de vue adopté ? Justifiez votre réponse.(1,5 point)
2. Montrez que le narrateur vit dans des conditions difficiles (deux éléments obligatoires). (1 point)
3. Relevez dans le texte un indice prouvant que le narrateur partage sa chambre avec quelqu'un d'autre. (0,5 point)
4. Dans la description de la veste du narrateur, par quels éléments nous est révélée sa pauvreté ? (1,5 point)
5. Montrez que cette vie pénible contraste avec sa vie d'avant. (1 point)
II - Une possibilité d'évasion
6. a) Décomposez le mot somnambule en deux radicaux différents. (0,5 point)
b) Citez un mot de la famille de chacun de ces radicaux. (0,5 point)
7. Relevez le champ lexical du sommeil dans tout le texte. Comment peut-on interpréter cet attrait pour le sommeil ? (1,5 point)
8. " J'aurais voulu...pieds."
a) Relevez deux verbes au conditionnel passé et expliquez leur emploi. (0,5 point)
b) En vous appuyant sur le texte, dites quels organes des sens sont sollicités dans la narration. (1 point)
9. a) Quels sont les deux vœux que le narrateur souhaite réaliser en s'identifiant à Ursule Mirouët ? Pour chacun, citez le texte à l'appui de votre réponse. (1 point)
b) Des deux vœux, lequel lui semble préférable ? (0,5 point)
c) Quel besoin ce choix révèle-t-il ? (0,5 point)
III - L'effort du copiste
10. Qu'apprenons-nous sur le caractère du narrateur dans les phrases suivantes : "Je décidai de copier mot à mot mes passages préférés d'Ursule Mirouët" et "Je passai un long moment à choisir le texte" ? (1 point)
11. En vous aidant de l'étymologie ou des mots de la même famille, expliquez ce que peut être " une écriture minimaliste " (1 point)
12. Réécrivez la phrase " elle était mate et rugueuse et, pour écrire le plus de texte possible, il fallait adopter une écriture minimaliste " en faisant apparaître une proposition subordonnée de conséquence. (0,5 point)
13. Justifiez la brièveté de la dernière phrase du texte : le narrateur prend-il le temps de savourer la réussite de son entreprise, et pourquoi ? (1 point)
Réécriture : 4 points
Réécrivez le deuxième paragraphe (depuis "Je décidai" jusqu'à "nos parents") au présent de l'indicatif, en remplaçant le narrateur singulier par le pluriel correspondant.
Dictée : 6 pointsUn livre peut être une forêt de signes. Mais une forêt non tropicale, une forêt domestiquée, aménagée, un parc de loisirs, un éden à portée des lèvres et des yeux. Ne dit-on pas d'ailleurs, quand on parcourt un livre, ne dit-on pas qu'on le feuillette ? Les livres auraient donc des feuilles, comme les arbres ! On n'oublie jamais un livre parlant des forêts quand il est lu dans les branches d'un arbre. Il faudrait faire aussi des livres qu'on pourrait lire sous l'eau quand ils nous parlent de la mer et d'autres, phosphorescents, pour nous raconter chaque nuit les étoiles ! Mais je rêve.
RÉDACTION : 15 POINTS
Luo, le camarade de chambre du jeune héros, arrivant par hasard, le voit recopier le texte de Balzac et l'interroge sur les raisons qu'il peut avoir de le faire. Racontez de manière détaillée.
Consignes :
Votre rédaction devra comporter à la fois des passages de narration, de description et de dialogue argumentatif. Ils pourront se succéder ou se mêler.
Il sera tenu compte dans l'évaluation de la correction de la langue et de l'orthographe.