Quel avenir pour le latin au collège ?
Depuis de nombreuses années, les langues anciennes sont à l'agonie : elles
ne doivent leur survie qu'à la pugnacité et à l'endurance des enseignants
qui en ont la charge.
En effet, de nombreuses réformes se sont succédé qui ne faisaient pas la
part belle au latin ; la dernière en date était censée favoriser le latin
puisqu'elle introduisait cette option à partir de la 5ème, et non plus de la
4ème : elle augmentait donc l'horaire d'enseignement de 2 heures pour cette
discipline.
Mais la réalité fut tout autre : en s'imposant au cycle central, elle devint
à nouveau facultative en classe de 3ème, et à ce jour, nombre de collèges n'
ont plus un seul élève en 3ème en latin puisqu'ils abandonnent l'option fin
4ème.
Les élèves n'ont donc rien gagné, au contraire : ils ont perdu en temps d'
enseignement (avant 97, ils avaient 3 heures en 4ème et 3 heures en 3ème,
soit 6 heures en tout - après 97, ils ont 2 heures en 5ème et 3 heures en
4ème, ce qui ne fait plus que 5 heures ! ) et ils ont vu leur option
reléguée au rang d'expérience passagère sans lien continu avec leur
formation au lycée.
Aujourd'hui, la menace est encore plus grande : si le latin est à l'agonie,
les itinéraires de découvertes vont signer son arrêt de mort !
En effet, un élève aura tout loisir de « tester ses goûts et ses talents »
pour le latin à travers un itinéraire de découverte qui ne sera qu'une
approche superficielle et réductrice de la discipline, puisque avant tout
anecdotique. Il ne prendra donc plus l'option latin, charge supplémentaire d
'heures de cours et de leçons à apprendre, et il croira avoir fait du latin
au collège quand il n'aura, en réalité, que survolé une discipline comme il
aurait pu le faire en suivant une émission pseudo éducative sur M6.
Pourtant, l'intérêt de l'enseignement du latin pour le collégien n'est plus
à démontrer : loin d'être une matière réservée à une élite, le latin au
contraire s'adresse à tous. Il procure à l'élève le moyen d'exercer sa
mémoire à travers un apprentissage systématique basé sur le « par cour » ;
il aide l'élève à acquérir des notions de français fondamentales telles que
la syntaxe, la concordance des temps, la famille étymologique, . qu'il n'a
plus le temps d'approfondir en cours de français puisque les horaires ne
cessent de baisser ici encore ; la démarche intellectuelle imposée par la
traduction des textes est proche d'une hypothèse scientifique et aidera l'
élève à construire sa réflexion. Aussi, la mort du latin constituerai-elle
un dommage extrêmement important pour l'éducation des collégiens.
C'est pourquoi nous appelons tous les enseignants de lettres classiques à
combattre cette nouvelle attaque sans précédent qui est faite au latin et à
refuser systématiquement tout itinéraire de découverte qui engloberait le
latin dans un projet interdisciplinaire.
Véronique Cécille
05/2002